Succès surprise parmi tant d’autres pendant les années 80, RoboCop, bien qu’étant le long-métrage qui fit un pied de nez aux concepts hollywoodiens, avait de quoi pour que les studios lui offrent une suite. Et c’est chose faite, trois ans après la sortie du premier opus. Où l’on retrouve la même équipe, hormis le remplacement du cinéaste. Paul Verhoeven (ne voulant pas faire de suite) laissant sa place à Irvin Keshner, celui à qui nous devons un certain Star Wars – Épisode V : l’Empire contre-attaque. Une bonne chose alors ? Pas tout à fait…
Premièrement, parlons du script, écrit par Frank Miller. Ah ? L’auteur et dessinateur responsable des comics Sin City et Batman : Dark Knight ? L’univers de RoboCop ne pouvait rêvait mieux, scénaristiquement et visuellement parlant ! Mais voilà que les producteurs entrent en scène… Jugeant son scénario trop complexe et coûteux, ils décident de le remanier à leur manière. Faisant ainsi de RoboCop 2 ce que n’était pas son prédécesseur, à savoir un film entièrement hollywoodien. Faisant perdre tout le charme que possédait le long-métrage de Paul Verhoeven.
Pour preuve, les codes du premier opus se retrouvent ici utilisés de manière atténuée, juste histoire de montrer aux spectateurs que RoboCop 2 est bien le digne successeur de l’original. Ce qui n’est malheureusement pas le cas. Il n’y a qu’à jauger la violence de cette suite, qui affiche pas loin d’une cinquantaine de morts à l’écran (ce qui en fait le second film le plus violent de 1990, placé juste derrière 58 minutes pour vivre) sans pourtant être gore visuellement (pas d’éclaboussures de sang, pas de membres qui tombent… comme dans le premier film). Nous retrouvons les séquences de « 20 h » ponctuées de quelques publicités, mais qui ne présentent ici aucun intérêt, à part meubler le script. L’humour noir s’en retrouve réduit pour laisser le champ libre à un comique bon enfant qui n’a pas sa place dans ce long-métrage (le passage où RoboCop est reprogrammé et joue les boy-scouts face à l’adversité). Bref, RoboCop 2 est le parfait exemple de la réalisation dirigée par les producteurs et non par le cinéaste lui-même, qui ont la main mise sur tout pour en faire un divertissement plus axé grand public. Renforçant l’aspect commercial que n’avait pas le film de Paul Verhoeven.
Et quand des producteurs contrôlent un film, il ne faut pas vraiment s’attendre à ce que l’idée originale de l’auteur (Frank Miller) soit adaptée brillamment. En voyant RoboCop 2, on peut remarquer des passages scénaristiques qui auraient fait du film un véritable bijou d’écriture de science-fiction. Notamment quand le personnage tourne autour de son ancienne femme, ce qui lui ôte son aspect cybernétique et lui redonne un bon soupçon d’humanité. Seulement voilà, cette trame bien trouvée ne sera exploitée que quelques minutes pour enchaîner sur autre chose qui n’a rien à voir. Et c’est ainsi qu’est construit le film, qui propose une histoire secondaire pour l’abandonner et s’orienter vers autre chose pour (peut-être) y revenir plus tard. Rendant le tout bancal, qui prend inutilement son temps et qui ne se permet même pas de reprendre les critiques sociétales imposées par le premier film. Dès lors, c’est clair et net : RoboCop 2 a été dirigé dans le seul but d’être un divertissement amusant, rien de plus.
Fort heureusement, cette suite n’est pas à jeter à la poubelle ! Et cela, nous le devons à un budget bien plus conséquent que le premier opus (soit 35 millions de dollars contre 13 millions). Un constat qu’en général, les producteurs aiment bien exhiber à l’écran. Alors place aux séquences d’action rondement menées (les fusillades sont bien plus attrayantes) ! Aux effets spéciaux mieux réussis (ici, la stop motion est de bien meilleure qualité) ! Au costume de RoboCop, toujours aussi soigné (encore une fois, le maquillage effectué à l’arrière du crâne du comédien se révèle être bluffant) ! Qui prennent toute une ampleur lorsqu’intervient le second RoboCop du film, offrant une demi-heure finale véritablement haletante et spectaculaire.
Et puis, c’est un réel plaisir de retrouver les comédiens du premier film. Pour voir à quel point rien n’a changé de ce côté-ci ! Notamment Peter Weller, toujours aussi bon à jouer l’être inhumain, usant de sa gestuelle pour donner à son personnage tout l’aspect inexpressif et mécanique nécessaire pour le rendre crédible. Cependant, une remarque à faire en ce qui concerne l’antagoniste de ce second épisode : Cain, interprété Tom Noonan. Le comédien n’a franchement rien de charismatique et se montre plutôt secondaire. Bien loin de la présence et du sadisme dont faisait preuve Kurtwood Smith. Il faut attendre le final pour que le méchant trouve enfin toute la puissance qui caractérise un bon vilain dans un film hollywoodien.
RoboCop 2 est certainement un spectacle fort distrayant, qui use de ses moyens pour garantir le spectacle. Mais il est surtout, pour le plus grand désarroi des fans, un film à l’écriture bancale et à l’allure hautement commerciale. Ce que n’était nullement le film original. Et pour ceux qui auraient bien aimé voir ce que donnait le script de Frank Miller avant que les producteurs ne le remanient, reportez-vous sur la bande-dessinée de l’auteur. Vous y trouverez sûrement votre compte !