Intérieur d’un couvent est un Borowczyk assez peu connu, qui souffre peut-être de son caractère nunsploitation, sous genre plutôt décrié et peu valorisé, qui, il est vrai, a produit aussi pas mal de nanar lourdingues !
Ce serait pourtant dommage de passer à côté de ce métrage qui vaut plus que son côté film d’exploitation basique.
D’abord car visuellement la réussite est indéniable. On retrouve le style du réalisateur : photographie vaporeuse mais sans trop, offrant une ambiance onirique ; des décors atemporels et très soignés, et une mise en scène académique mais très subtile. Si le réalisateur est parfois un peu inégal, cédant facilement au pompeux prétentieux, ici rien à redire, sa mise en scène est remarquable, et surtout, qu’est-ce qu’il saisit bien l’érotisme ! Les scènes érotiques sont superbes, très évocatrices avec peu, et il y a une magnification du corps féminin comme je l’ai rarement vu. Franchement, le film est très beau, très esthétique, avec une réelle atmosphère, et la bande son exceptionnelle ajoute encore à la qualité plastique de ce métrage. Quel thème principal !
Le réalisateur est un esthète, et impose ici son esthétique particulière, très plastique. Au service d’une histoire vaguement inspirée de Stendhal. Le propos pourra paraître un peu creux, notamment dans la première partie, puisque le film se résume essentiellement à la vie quotidienne plutôt tumultueuse de ces religieuses. Ça manque du coup un peu d’enjeux, même si finalement c’est aussi nécessaire à la progression dramatique et à la dernière partie qui justifie ce que l’on a pu voir avant. Mais bon, il y a quelques longueurs malgré tout. Toutefois, rien n’ennuie, car le réalisateur propose une narration de qualité, n’étendant jamais artificiellement ses scènes, notamment ses scènes érotiques. On navigue bien avec les différents personnages, et tantôt teinté d’humour, de drame, d’érotisme, Intérieur d’un couvent s’avère un divertissement érotique consistant malgré tout. La fin très tragique saura convaincre je pense.
Le casting ne présente pas de grandes vedettes, même au sein du genre érotique, mais globalement c’est bien campé. Les prestations sont un peu théâtrales en général, mais si cela peut gêner souvent dans un film, ici, compte tenu du caractère atemporel du métrage, du caractère presque illuminé de certains personnages, ça apporte davantage à la dimension allégorique et irréelle du film. D’un autre côté le film perd en naturel des sentiments exprimés. L’interprétation reste convaincante, avec une Gabrielle Giacobbe idéale en abbesse, à la fois dure mais juste (pas de caricature outrageuse), et des actrices très charmantes qui ne se contentent pas de dévoiler leurs charmes. Je salue aussi la prestation de Mario Maranzana, en curé sans scrupule.
Pour ma part le film est bien interprété. Il résulte qu’Intérieur de couvent est un film érotique très soigné, et tout à fait appréciable. Bien qu’un peu plat durant ses 2/3, ce métrage d’une grande application qui aborde avec élégance le plaisir féminin sur fond de pesanteur religieuse est sans doute trop ciselé pour véritablement vibrer au cœur et à l’esprit du spectateur, mais il est tout à fait agréable à suivre. 4