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Plume231
3 933 abonnés
4 639 critiques
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4,0
Publiée le 11 juillet 2011
Si j'étais tordu (mais comme je le suis pas heureusement, dieu merci !!!, tout comme les personnes qui habitent notre très beau et formidable pays!!!), je verrais un double-sens avec les quatre premiers mots qui composent le titre de l'épisode. Se faisant se poser subtilement des questions sur le désir incestueux qui n'en serait peut-être pas tout à fait un, sur le fait qu'il ne vaut mieux pas parfois savoir certaines choses, la quatrième épisode est sans conteste un des trois meilleurs de la série. Il est d'autant plus puissant qu'il est porté par deux comédiens particulièrement brillants, et les dernières minutes s'avèrent assez surprenantes.
Contrairement à l'épisode précédent, cet opus redonne du souffle à la saga notamment grâce aux deux acteurs principaux donnant une forte émotion au spectateur tout comme le scénario.
En écrivant mes critiques du décalogue je réalise à quel point les premiers chapitres m'ont plus plu que les derniers. Parmi mes quatre favoris, trois sont dans les quatre premiers. Et le volet "Le décalogue 4, tu honoreras ton père et ta mère" en fait parti. Le chapitre est assez trouble, on pourrait reprendre certains points et trouver que y a pas mal de Mankiewicz là dedans - enfin sauf que Mankiewicz c'est beaucoup plus ludique, c'est sous une version très drame que Kieslowski filme ses personnages. Le sujet est un peu facile au départ. Il prend le commandement "tu honoreras ton père et ta mère" et lui pose la question assez simpliste : et si c'est pas notre "vrai" père qui nous a élevé ? Je ne cache pas que j'ai crains un certain temps de voir un pensum gonflant, vu et revu sur qu'est-ce que c'est que l'amour filial, parental, sur je t'ai adopté mais je t'aime quand même etc etc. En fait, ce n'est pas ça que raconte le décalogue 4 de Kieslowski. Et heureusement. Il a focalisé son récit sur ses deux personnages (il y a d'ailleurs souvent très peu de personnages dans les histoires qu'il nous raconte à travers son décalogue) qui sont déchirants d'amour, de contradiction et de solitude. Kielsowski a vraiment quelque chose d’intrigant car il parvient à très vite poser une atmosphère empreinte d'une tristesse latente, pas visible à l'écran mais qui transperce tout le film, c'est vraiment bien foutu.
Dans la scène d’ouverture, Kieslowskl nous montre les jeux, qui sembleraient amoureux, auxquels se livrent les deux personnages du film, dont on découvre dans la scène suivante leur relation filiale. Idée géniale car le thème du film sera bien l'ambiguïté de cette relation, fondée sur l'introspection des pulsions, des émois et des émotions. Les échanges et dialogues entre ces deux personnages constituent l'essentiel de l’œuvre, au ton solennel et au style épuré, avec moins d'images signifiantes que dans d'autres volets du cycle. Le scénario est à la fois simple, virtuose et puissant ; il n'y manque qu'un peu de crédibilité pour atteindre la perfection.
Encore un mensonge, toujours un mensonge... Mais cette fois, Kieslowski joue tellement bien avec les nerfs de ses personnages et de ses spectateurs que l'on en reste pantois d'admiration. Il a su être si convaincant dans les rebondissements de l'intrigue, et les acteurs dont il se sert sont si vrais que l'on est pris au piège. Tu honoreras ton père et ta mère. Oui, mais s'ils ne sont pas tes vrais parents, que fais-tu ? Utilisant avec cruauté le complexe d'Œdipe pour rendre compte d'une affection qui tourne à l'attraction sexuelle, Kieslowski s'immisce sans aucune gêne dans la vie d'un père et de sa vie, complices dans leurs blagues et s'entendant à merveille. Mais le doute ne tarde pas à s'installer, comme le montrent les regards pleins d'angoisse, mis en exergue par une caméra fugitive et maladroite. On ne saura jamais vraiment ce qu'il en est, mais les ravages causés par une telle tempêtes demeureront irréversibles. Kieslowki se sert intelligemment du quatrième commandement dans le sens le plus ambigu qu'il ait pu trouver, et il en devient l'élément central d'une passion déchirante à la fois voulue et refoulée, et nécessairement tragique.
Parfois il vaut mieux ne pas savoir... Kieslowski met cette fois en scène une relation père/fille tumultueuse et troublante, à l’équilibre sentimental fragile, qu’une lettre d’outre tombe vient bouleverser. Une petite réussite, pas la meilleure de la saga. On remarque cependant que Kieslowski ne cesse d’évoluer dans sa réalisation, chaque fois différente, qui s’adapte à l’atmosphère et à son commandement.
L'incertitude et la sensiblité caractérisent l'oeuvre de Kieslowski. Ce film, dans lequel un père et une fille finissent par redécouvrir leur amour mutuel, n'échappe donc pas à cette règle : bouleversant.