Ce film a beau dater de 1991, il reste toujours autant d’actualité, surtout dans une époque où l’islam se radicalise de plus en plus et vient en prime occuper une place de plus en plus importante au sein du monde occidental. Loin de moi l’idée de faire de la politique sur le sujet, Allociné n’est en aucun cas l’endroit pour le faire et de plus ce serait hors de propos. Ce n’est qu’un livre de Betty Mahmoody qui n’a fait que raconter sa propre histoire, lequel a été porté à l’écran. C’est osé, d’autant plus que le livre fut jugé par les iraniens en exil et une partie des musulmans comme étant raciste. Il ne faut pas voir "Jamais sans ma fille" ainsi, mais comme un film coup de poing sur la condition féminine en Iran, tout en prenant un parfum de croisade pour la liberté, un thème si cher au cinéma américain. Bien que l’histoire se déroule en pleine révolution islamique, il n’y a pas de quoi tomber dans l’islamophobie. Cependant on remarquera les conditions de vie difficiles dans un pays, en l’occurrence l’Iran, renforcées par le conflit en cours avec l’Irak. Le sujet est intéressant, interpelle, et a le mérite de parler d’un sujet relativement tabou. Nul n’ignore que cette histoire n’est pas le seul exemple, mais en aucun cas il ne faut associer ce genre d’événement avec l’islam. Il en existe aussi entre personnes issues de pays occidentaux différents, comme la Russie, les Etats-Unis, le Canada, ou encore le continent africain. Alors que cette histoire bien précise soit vraie ou fausse, là n’est pas l’important. Pour traiter ce sujet, Brian Gilbert a signé une réalisation sobre, intimiste, avec suffisamment de lenteur pour souligner la gravité des événements. La violence est là, bien que voilée par une certaine pudeur afin de ne pas trop s’attirer les foudres des musulmans les plus aguerris. Cependant j’aurai aimé un film davantage axé sur les émotions à la manière de "Va, vis et deviens" (2005). Sally Field est pourtant parfaite dans la peau de cette femme qui se retrouve séquestrée dans un pays dans lequel elle ne voulait pas aller à la base. Elle retranscrit à la perfection la panique, la détresse, écorchée vive par cette perpétuelle peur au ventre, mais dont la condition de mère qui se respecte la pousse à tenir le choc afin de protéger son enfant. L’obstination est là, et cette ténacité va bien entendu finir par payer. Face à elle, le surprenant Alfred Molina interprète un mari à priori bien sous tous rapports, supportant tant bien que mal les propos désobligeants de ses collègues. Américanisé et bien intégré, il a la nostalgie de sa famille qu’il n’a pas vue depuis une dizaine d’années. Attentionné, à l’écoute, il se veut rassurant et parvient à convaincre son épouse de faire le voyage. Séduit par la révolution islamique, on voit son regard changer, et fatalement son attitude, de plus en plus violente et tyrannique. Je ne le voyais absolument pas dans ce registre, mais il a su relever le défi du rôle de composition, et l’a remporté avec brio. Outre la qualité exceptionnelle de Sally Field et d’Alfred Molina, il ne faut pas oublier non plus la petite Sheila Rosenthal dans la peau de Mahtob. A vrai dire, l’ensemble du casting est irréprochable, que ce soit les organisateurs de la fuite ou la famille de Moody. Pour ce qui est des rebondissements, on repassera : tout est cousu de fil blanc et prévisible. Qu'à cela ne tienne, nous adhérons quand même à la cause de cette femme qui se bat pour sa liberté dans un film qui n’est pas une propagande anti islam ou anti Iran : comme l’a justement écrit le (ou la) cinéphile Lilibreizh, Betty a trouvé du soutien et de l’aide d'iraniens, hommes ou femmes. Comme quoi, il y a de tout partout. Mais ici, ce fut délicat et risqué, nous en sommes tous bien conscients. Bien qu'apparemment le film ne soit pas au niveau du livre, il en ressort une œuvre captivante, et qui informe.