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    Berlin-Yerushalaim
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    Flavien Poncet
    Flavien Poncet

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    2,5
    Publiée le 17 mai 2009
    Lorsque dans «Berlin-Yerushalaim» (Israël, 1989), Amos Gitai entreprend la cosmogonie de l’Etat actuel d’Israël, ce qu’il tente de façon plus ou moins manifeste à travers chacune de ses œuvres, il retrace un chemin semblable à la Marche de la Mort. Le film s’ouvre sur le plan-séquence mobile d’une fresque grand-guignolesque déployée dans un hangar désaffecté. Très souvent présent dans les films de Gitaï, le fantôme de Fassbinder prend ici corps dans tout le grotesque pathétique de la séquence. De ce point initial s'ensuit le long pèlerinage de deux femmes vers la reconquête de l'Autre. Deux femmes, une allemande et une soviétique, dans les années 30, se lancent à la quête de la terre sainte pour bâtir le bastion d'un nouvel état sioniste. A la même période où surgit l'antisémitisme germanique sous le diktat d'Hitler, le film offre un contre-champ à la démence nazie. Aux ombres portées sur l'Allemagne contraste les lueurs d'espoir saillit des initiatives juives pour retrouver un territoire. L'esthétique sombre et parfois désespérée des images, sur lesquels semblent tomber le voile de l'hiver meurtrier promis aux juifs européens des années 30, prête au film une allure de pantomime. Chaque personnage n'est pas tant le point d'optique duquel s'écrit l'histoire d'Israël que la figure mort-vivante d'un avenir fait de clair-obscur. Dans les grandes lignes du récit et dans le contexte historique, «Berlin-Yerushalaim» évoque «Eden». Ce-dernier échoue dans la transcription d'une période traversée par un courant de mort -alors que le film est le pan d'une trilogie portée sur le sentiment délétère-, tandis que «Berlin-Yerushalaim», calé sur le mode du road movie, réussit à exprimer les frissons de mort exhalée par une époque grâce, entre autre, aux nombreux liens dressés entre le cinéma de Gitai (intimement liée à Israël bien qu'il fût constitué majoritairement en exil) et celui de Fassbinder (sincèrement allemand bien que dissident).
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