Avis sur Le Trésor de Cantenac

Magnifique style de Guitry, présentation des personnages et de l'équipe toujours formidable, ton inimitable, Le Trésor de Cantenac n'est pas un des grands chef-d'oeuvre de Guitry. Le film s'essouffle sur la fin. Mais saluons l'époque bénie d'un cinéma où qui avait le mérite de ne pas s’essouffler dès le début.

Le trésor de Cantenac est un mauvais Guitry.... certes on y retrouve sa verve et son français inimitable mais quelle charge violente, sectaire et subjective de la vie d'un village et de ses habitants, cela gâche tout le film qui se révèle par ailleurs bien convenu et sans originalité...

Guitry renouvelle ici un procédé qu'il a déjà employé : la voix off qui conte l'action. Le scénario est finalement une proposition de philosophie existentielle.

Le nanti met au service des plus pauvres une partie de son patrimoine et de sa bienveillance pour créer une communauté solidaire.

On retrouve l'épouse de Guitry ( sa cinquième et dernière) l'actrice d'origine roumaine Lana Marconi qui ne tournera qu'avec son mari.

Guitry est comme toujours formidable, les dialogues sont plus convenus qu'à l'accoutumée, la caméra moins fixe, les plans plus élaborés, le casting croustillant.

Ce n'est pas le meilleur opus de Guitry, mais les amateurs ne se priveront pas de l'opportunité de le voir : il le mérite.

Le film est un modèle de cinéma façon Guitry. Le générique, avec son défilé de comédiens et techniciens est déja un film dans le film... Ensuite, à la façon dont il avait procédé dans son premier film "Le roman d'un tricheur" le cinéaste entame un long et savoureux récit en voix off, faisant l'état des lieux du village de Cantenac et le portrait de ses habitants, de ses notables, dont il raille la médiocrité franchouillarde. Malmenant ses personnages (seuls l'idiot du village et la jolie mercière-forcément, c'est Lana Marconi- trouvent grace à ses yeux), le cinéaste découvre sa misanthropie et sa vision désabusée de la nature humaine en des propos acerbes, parfois méprisants, dont la virulence -la charge, dans un autre style, est comparable à celle d'un Clouzot- est à peine atténuée par l'humour et l'enivrant esprit de son auteur. En tout cas, le parisien entre tous qu'est Guitry n'épargne pas la ruralité...

Par extension, on peut voir dans le microcosme mesquin qu'il décrit le symbole d'une France dégénérée par les querelles et la bêtise. Guitry prétend avoir la solution et le trésor de Cantenac introduit, en même temps que la dernière demi-heure plus sérieuse et parfois solennelle, une idée sociale conservatrice pour ne pas dire réac de la part de l'auteur.
Délaissant la voix off, le désargenté baron de Cantenac, descendant d'une grande famille, est en quelque sorte le seigneur parmi ses manants.On ne s'en étonnera pas considérant l'immodestie de Guitry au cinéma où il n'a joué que des bourgeois et des grandes figures historiques; de même qu'on n'est pas surpris que le regard qu'il jette sur le peuple reproduise l'amertume qui est la sienne depuis ses ennuis de la Libération. Dommage toutefois que la comédie, dès lors, perde son impertinence et son esprit satirique.

Du pur Guitry, la première moitié du film est entièrement narée en voix off par Sacha Guitry, qui y pose son décor en décryptant, avec moultes détails, la vie d'un village français morose. Il faut attendre l'arrivé du réalisateur à l'écran dans le rôle du Baron pour que les autres acteurs commencent enfin à avoir un peu de texte à dire. Dans le ton à l'humour noir, on reconnait le style Guitry des années 50. Un film un peu méconnu.

La vie dans un petit village dépeint avec noirceur et film en partie en "voix off" telle est cette oeuvre de Sacha Guitry, qui ne convainc point. La seule originalité est le générique qui présente les personnages et les acteurs sous forme de "court-métrage" avant de débuter l'histoire.