Alors ça c'est du film ! Si on en a l'occasion, on peut le voir depuis la fin (mais pas la toute fin), histoire de donner envie si on trouve le début longuet. Inconnue au bataillon, CB, la "Belle/Gorgeous" du départ (Linda Manz, revue dans Gummo), juste ado, mène la barque et la charge à tout faire péter. Le film se construit autour de son parcours, de ses obsessions, de ses pérégrinations sauvages. Ça part dans le cliché à donf (autour de son icône adulée, Elvis) or elle s'en sort très bien, livrant une performance d'allure naturelle et détachée. L'actrice qui joue la mère a fini, euh, dans Les Feux de l'amour... mais ici, sa sur-dramatisation sied tout à fait au rôle et apporte un certain humour. Le réa Dennis Hopper fait figure de seul acteur vraiment connu. Malgré un retour de prison qui va chambouler cette famille nucléaire qui part en couilles, son personnage ne recouvre pas les autres. Le titre anglais, OUT OF THE BLUE, paraît plus mystérieux que ce GARÇONNE français qui annonce la couleur par une expression désuète. Dommage que les effets spéciaux avec le bus scolaire fassent sentir le budget fauché. D'autres scènes pèchent par un côté limite cheap; pourtant, ces défauts, ce j'men-foutisme apportent une saveur old school et correspondent bien à l'air du temps, tout juste post-crise et surtout post-punk. Y a même des airs de Cassavetes, là-dedans. Et la fin... plus de frontières. "La normalité, aux chiottes!"