L’Extrême limite n’est pas un film bien satisfaisant. Je rejoins les critiques qui voient là un film mou, ennuyeux, sans grand relief. Ok, on est plus dans le polar que dans le cinéma d’action, mais sincèrement celui-ci reste timidement mené.
Le casting est intéressant, avec un trio plus que séduisant : Snipes, Hopper, Mortensen. On espère une confrontation choc, mais en fait non. Snipes et les deux autres acteurs semblent évoluer dans deux films différents puisqu’ils ne se croiseront en fait presque jamais, et si les interprètes ne sont pas critiquables, rien de bien génial ici. Mortensen campe un tueur froid et cynique peu dégrossi, Wesley Snipes le flic dont la vie se délite qui est un archétype du cinéma américain, et seul Dennis Hopper en petit escroc beau parleur surprend vraiment, héritant d’un personnage original auquel il apporte toute sa verve. Un casting de charme dont l’utilité est assez discutable (sauf pour le rôle de Hopper à mon sens), accompagne le film mais reste peu exploité. Ça permet quelques longues et peu utiles discussions sentimentales.
Le scénario ne serait pas déplaisant s’il possédait un rythme et une narration plus maitrisée. L’Extrême limite est en effet un film court, et pourtant il est assez ennuyeux et convenu. Le final tout en fadeur est d’ailleurs à l’image du métrage. La matière n’est pas mauvaise, mais le réalisateur mène sa barque en introduisant beaucoup de scènes sans grande importance car peu ou pas utilisées en fait. J’évoquais notamment les discussions sentimentales, cette immersion très convenue et vaine dans le quotidien de Snipes, et puis ça manque singulièrement d’action malgré quelques pointes de violence de ci de là. Bref, c’est assez plat et terne, le réalisateur ne tenant pas assez son intrigue et ne parvenant pas à exploiter la durée courte de son film pour donner de la nervosité.
Formellement le bilan est plutôt décevant, mais pas totalement. Passé un beau plan aérien d’ouverture sur une musique jazz-blues sympa, on se retrouve dans un polar urbain très début des années 90. La mise en scène reste basique, assez terne en fait, à l’image de l’intrigue, ne parvenant guère à tirer le métrage de la série B. Le réalisateur n’arrive pas à donner de l’émotion, à faire vibrer les scènes sensibles à même dans les scènes d’action, rares mais assez violentes, ça n’a pas l’efficacité d’un Walter Hill ou d’un Mark Lester. Reste une ambiance urbaine pas inintéressante, une bonne bande son, et une tonalité rétro aujourd’hui qui devrait ravir. C’est vrai que ça manque un peu aujourd’hui c’est film urbain souvent nocturne à l’atmosphère un peu rêche.
En clair, L’Extrême limite est un petit film, mineur dans la filmo des acteurs qui composent son casting. C’est trop timide et pas assez bien mené pour assurer un divertissement de niveau correct, et même si le métrage s’inspire d’un fait divers (a priori), ce n’est pas assez original et plein pour s’élever vers des sphères plus dramatiques. 2