Si je vous parle du réalisateur Zack Snyder, vous pensez directement au cinéaste visuel qu’il est. Non, vous ne voyez pas ? Eh bien, il ne vous reste plus qu’à vous replonger dans sa filmographie, composée essentiellement de long-métrages qui ne misent que sur l’image : 300, Watchmen – Les Gardiens, Sucker Punch, Le Royaume de Ga’Hoole : la Légende des Gardiens et Man of Steel. Là, vous voyez qui c’est ! Le bonhomme qui lança la mode des péplums sous forme de bd sous amphétamines. Beaucoup croit d’ailleurs que Snyder a démarré sa carrière avec 300. Faux ! C’est avec un film de zombies qu’il a débuté. Un remake, plus exactement. D’un long-métrage (Zombie, plus connu en VO sous le titre Dawn of the Dead) du maître du genre, un certain George A. Romero. Début prometteur ?
Avant de commencer, mettant les choses au clair. L’Armée des Morts a beau avoir le statut de remake, il diffère grandement de Dawn of the Dead. Le seul détail qu’il reprend, le lieu d’action (un centre commercial dans lequel se réfugie un groupe de gens, tentant de survivre à une mystérieuse infection ramenant les morts à la vie, désormais avides de chair fraîche). Sinon, les personnages sont différents, leurs activités dans le centre commercial (bien qu’elles leurs permettent de mener une vie comme une autre tel que dans le film original) et les zombies ne sont pas aussi lents d’esprit que d’habitude (là, ça coure dans tous les sens, ça saute, ça grimpe sur les grillages, ça résiste aux armes à feu… le film World War Z n’a rien inventé !).
Et surtout dans le fond, les deux films se montrent en tout point différent ! Si Dawn of the Dead se présentait comme une véritable satire sociale, L’Armée des Morts affiche clairement son statut de divertissement. Cela fera sans l’ombre d’un doute hurler bien des fans de Romero. Mais il faut bien admettre que Snyder possède un grand savoir-faire !
Dès le début, le réalisateur nous plonge dans le bain ! Début d’infection sous atmosphère pesante puis enchaînement avec une invasion générale et visuellement violente qui prend aux tripes. Et cela va être comme ça pour chaque séquence de zombies ! Une bonne chose que Snyder n’use pas encore des pénibles ralentis qui lui sont propres, n’infectant aucunement l’énergie et la fluidité du film. C’est d’ailleurs ce qui qualifie le mieux L’Armée des Morts : grandement efficace ! Un panache d’une extrême jouissance qui fait plaisir à voir ! Où l’on assiste à ces assauts de morts-vivants fous dangereux, à les voir se faire canarder ou taillader en morceaux (ah oui, film interdit aux moins de 16 ans !). Il faut dire que Snyder sait comment filmer lorsque l’action se met en marche, procurant toute l’énergie nécessaire pour captiver notre attention.
Mais là où L’Armée des Morts fait également fort (rime non voulue), c’est dans l’humour noir. Ou plutôt dans sa manière de jongler aisément entre le sérieux et le comique. Prenons l’exemple de l’introduction. Démarrage donc de l’infection, où l’héroïne doit fuir une maison et un quartier qui « veut » sa mort, pour finir sa folle course dans un arbre (après avoir évité quelques carambolages). Et puis, enchaînement avec le générique, résumant à sa manière l’histoire de l’infection, sous l’air de The Man Comes Around de Johnny Cash. Et des exemples de ce type, le film en propose des masses (comme ces survivants qui joue à tirer sur des zombies ressemblant à des personnalités, ou encore les mêmes personnes s’adonnant à des activités du quotidiens malgré le danger qui les guette) ! Sans compter les innombrables personnages hauts en couleurs qui nous sont proposés, qui se permettent quelques réactions franchement excessives ou bien volontairement humoristiques.
Après, L’Armée des Morts n’est pas sans défauts. Outre le fait que le côté satire sociale lui manque cruellement (ce qui aurait franchement donné des allures de grands films plutôt que de divertissement efficace), le film doit également faire face à des longueurs inutiles. Notamment lors de quelques dialogues qui font tartes. Donnant par moment une niaiserie dont on se serait bien passé. Surtout pour la fin, qui se fait sur fond de carte postale (avant de finir tel un found footage à la Projet Blair Witch, qui laisse dubitatif le spectateur sur le sort des personnages).
Sans compter une distribution qui se révèle être plutôt inégale. Composée de comédiens qui s’amusent comme des petits fous (Michael Kelly), qui sont convaincants (Jake Weber), qui restent impassibles (Ving Rhames), qui en font trop (Sarah Polley) ou bien qui ne conviennent pas du tout (Ty Burrell et d’autres). Une trop grande inégalité qui enlève énormément de crédibilité à pas mal de séquences émotionnelles qui, sur le plan mise en scène et ambiance, se montraient à la hauteur, sans vraiment tomber dans le tire-larmes forcé.
Mais cela n’enlève en rien ce qui fait le charme de L’Armée des Morts : son punch ! Ce n’est peut-être qu’un divertissement de plus avec des zombies. Mais un divertissement de très grandes envergures, qui surpasse bon nombre de ses congénères en leur mettant un uppercut d’une puissance incontestable. Pour son premier film, Zack Snyder mettait déjà son savoir-faire en avant avec brio, et sans utiliser d’artifices visuels en plus (contrairement aux autres films du cinéaste, L’Armée des Morts possède très peu d’images numériques). Un pop-corn movie endiablé qui mérite le déplacement à défaut de révolutionner le genre.