Manipulation à échelle géante [dans l'intérêt de la mère], basculement d'une dimension à une autre [ou d'une réalité à une autre, chamboulée aux yeux du personnage central pour l'absence nouvelle d'un élément-pilier], pur délire paranoiaque ? Le charme dérisoire du film tient à la façon dont il donne l'impression d'être sûr de lui, quand le spectateur, et malgré des indices-mystères surlignés, ne sait trop ou celui-ci veut donner de la tête. Alors l'intrigue se balade un peu partout [détail : qui est le gros lourdeau qui s'est chargé du son ?], sans investir un quelconque terrain dans sa première partie, caressant un panel d'idées sans trop y toucher de peur de s'y abîmer. The Forgotten se décidera tout de même, assez tard, à choisir son camp. Problème : c'est le plus évident [croisé au plus cheap d'X-Files, soit], mais surtout, une fois ses visées définies, le film est à sec, sans plus de cache-misère.
Trop superficiel dans tout ce qu'il s'essaie à emprunter, le film exploite mal son sujet, si bien que rien ne ressort de concluant de cet enchaînement de démonstrations creuses . On s'interroge surtout sur la validité des deux incrédules de service [le seul ''allié'' de Telly est un alcoolique qui à la base avait lui-même tout oublié de la mort de leurs deux enfants respectifs]. Et alors qu'il est pourtant rangé de leur côté, le film n'élève jamais leur quête. Mémoire effacée pourrait être un Effet Papillon ou le gimmick aurait cédé la place à l'émotion aucunement préfabriquée d'une femme et mère, d'un homme désoeuvré ; mais ceux-là ne sont que des fantômes n'offrant aucun point d'accroche, des figurines de scénario.
Ruben a de petits tics formels qui permettent quelquefois, mais de façon éphémère et assez factices [puisqu'ils ne servent à rien, d'un point de vue sensitif ou narratif, sinon à illustrer des notions restées tout aussi plates], de mettre à distance la neutralité de son esthétique monochrome et dépressive [un peu à la façon de La Voix des Morts, en plus confus]. Il a surtout le défaut de porter vraisemblablement peu d'attention à la direction d'acteurs. Comme à leur habitude, ils sont excellents, mais sont les maillons sans substance d'un échiquier qui peine, voir oublie, de leur donner cohérence. Julianne Moore est brillante, mais cloîtrée dans la peau d'une étiquette, elle n'a probablement jamais été si mal filmée.