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sunfred
9 abonnés
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4,0
Publiée le 29 septembre 2006
En ne lâchant pas Jean-Benoît une seconde Didier Nion touche au plus juste, en le repositionnant face à la caméra, en l'interrogent sur ces actes et en lui offrant un espace de parole hors de tout encadrement social, il offre un film généreux. Généreux pour Jean-Benoît d'abord, dans le documentaire il y trouve à la fois un exutoire et un miroir qui lui permet de prendre du recul sur lui-même, ce qui n'est pas aisé à cet âge, et l'on sent bien que cela fut parfois douloureux. Généreux ensuite pour le spectateur, le film est d'une grande richesse, sociologique dans son cadre mais aussi aux abords de celui-ci.
Ainsi la famille se retrouve vite au centre du film par la parole et surtout leur absence dans le cadre (et la seule phrase de la mère hors-champs en dit long sur les rapports familiaux) sur le monde du travail et l'apprentissage, sur le passage de l'école à la vie active (basculement qui s'opère ici autour de la majorité en plus), sur le documentaire et le cinéma en donnant à voir et à entendre aussi le travail du cinéaste et de son sujet, Jean-Benoît. Constamment aux frontières de la psychanalyse, le film se clôt sur une première libération laissant entendre qu'un obstacle a été franchi, et que peut commencer un autre travail, et là Didier Nion d'interrompre physiquement son cinéma, car la suite ne relève peut-être pas de cet art.
Un portrait intime d'une rare beauté dans le quel le réalisateur a su faire totalement oublié la caméra en tissant avec le héros une relation forte relevant presque de la présence du père. Les images sont très belles, et le jeune Jean-Benoît, ado normand en difficulté qui essaye désespérément de passer son CAP mécanicien, se révèle d'une grande intelligence, d'un sens aigu du regard sur soi et nous émeut à travers ce documentaire naturaliste tourné en 16 mm.
Le réalisateur nous plonge dans sa jeunesse à travers un adolescent ayant perdu confiance en tout et ne sachant pas vraiment ou il va. Au fur et à mesure de l'histoire, ou des années, il devient un homme qui se construit et qui regagne confiance grâce à l'amour et grâce à cette caméra. Il se fait la promesse de réussir et il réussi ;c'est d'autant plus beau avec ce réalisme percutant.