Dans ce film qui s'apparente au monument, comme dans ces décors où il a été tourné, on voit un John Wayne, qui comme dans la rivière rouge, dix ans plus tôt, montrera un autre aspect de son jeu, plus dur, plus singulier, plus autoritaire, un rôle qui marque dans sa filmographie, on ressent toute cette froideur, tout ce potentiel qu'il pourrait créer, ensuite, dans bien des films il s'est contenté de jouer John Wayne, là au contraire, il incarne Ethan, et cela lui va tellement bien. Personnage ambigu, qui a du endurer bien des conflits, qui s'est endurci durant les guerres, qui a laissé son passé derrière lui et un peu de son humanité aussi.
Le film est puissant aussi par sa lumière, ses décors naturels, cette quête interminable et qui finira presque là, où elle a commencé.
John Ford a su capter la noirceur de son personnage, qui veut se venger, faire couler le sang, face à un chef Indien, qui a la même façon de voir les blancs, puisqu'ils ont tués ces deux fils, d'ailleurs, même si ce n'est pas Ethan qui tuera le chef Indien, il lui prendra son scalp, preuve s'il en était besoin, qu'il a perdu le sens de l'honneur, et le peu d'humanité qu'il lui restait.
Heureusement que John Ford, s'est faire retomber la tension, avec des scènes anodines, mais qui laisse le temps aux spectateurs de respirer, je pense aux scènes avec Vera Miles ou avec Hank Worden, qui interprète un simple d'esprit pas si fou que cela.
La musique, dès les premières images nous donne le ton et la couleur du film, malgré les grands espaces et les couchers de soleil, le film sera sombre, sans compromis, et John Wayne, en cavalier solitaire, une fois sa quête achevée, repartira seul.