Il ne manquait plus qu'ça, il ne manquait plus que ce film pour clore et commencer le Western. Il y a tout dans la prisonnière du désert, tout le western, toute l'image rongée par les clichés qu'on s'en fait
Bien évidement, j'ai été biberonné au western spaghetti bien avant le western façon Ford, ce qui m'empêche de me défaire d'un certain regard critique sur le fond et la forme du Western classique. Oui voilà, la Prisonnière du Désert est idiot. Idiot et raciste, parfois franchement limite en dépit de l'époque, toujours macho, toujours la bible dans le coin, toujours un côté paternaliste chez John Wayne absolument détestable, toujours un mauvais fond ambiant, toujours des enjeux assez triviaux et une haine contre les indiens qui traîne.
Et pourtant, pourtant, on reconnait la force de l'exercice. Il y a tout, tous les clichés, et c'est dans cet excès qu'on trouve toute la force du film. Il y a cette entrée fabuleuse sur la Monument Valley, jamais autant utilisé et abusé, jamais autant symbolisé. Un vétéran de la Guerre de Sécession évidement. Une attaque de peaux rouges, ou d'indien qui n'ont pour mot que ahouahouahouahou. Des blancs habités par des question de blancs. Des questions d'honneurs, des questions de valeurs, des questions de famille, de religions.
Et cette force narrative. Cette quête qui use ses protagonistes. Protagonistes excédés par tant de violences, tant de combats. Rongés par la peur, la peur d'être attaqué, la peur de perdre terres, femmes et enfants innocents. L'usure du temps qui se fait ressentir, mais aussi l'usure du désert, l'usure des saisons, le poids des autres sur votre conscience.
Un grand film aux plans magistraux, au sens du rythme certain, un rythme éprouvant et c'est ça qui est génial, une expérience similaire à ce que nos protagonistes ressentent, comme si nous étions le 3ème homme qui accompagne à la fin les deux héros. Des personnages secondaires qui offrent une palette de personnalité unique, des dialogues parfaits, des répliques cultes.
Le film de John Ford est épique, grandiose. Tous les éléments qui entourent un John Wayne macho jusqu'à la moelle jouent sur lui, sur son état physique comme sur ses sentiments diverses qui l'habite et le poussent à bout. L'usure, toujours l'usure, celle-ci arrive à venir à bout de nos préjugés ou de nos jugements moraux. "On rentre à la maison " en acceptant et comprenant un homme, la haine et l'amour d'un homme rongé par le monde gigantesque qui l'entoure, symbolisé plus que jamais par la Monument Valley.