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Rodrigue B
20 abonnés
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2,5
Publiée le 13 mai 2014
Le sujet m'a tout de suite charmé. Je fais moi-même beaucoup de théâtre et y accorde une importance capitale. Du coup, utiliser le théâtre comme une tentative de réinsertion pour les détenus m'a vite fasciné. Le film reste dans une intensité dramatique constante. Emmanuelle Béart s'est encore trouvé un rôle sur mesure et nous livre une prestation riche en émotions. Robert Hossein est fidèle à lui-même dans ce rôle de charismatique au grand cœur qui tente d'aider les délinquants par l'intermédiaire de sa passion à lui: le théâtre. Ça fonctionne bien, fort triste cependant: pas beaucoup de moments de répit et en tout cas, ils ne sont pas longs. Je crois que, par moment, le spectateur a besoin de souffler un peu, ce n'était vraisemblablement pas le but ici. Notre esprit, nos sens sont sans cesse torturés, on se demande même si il y aura un dénouement positif. Un film intéressant qui a été injustement oublié au fil des années.
Un grand merci d'abord à l'équipe des Trois Luxembourg de projeter un film en 35 mm ! La pellicule craque, le film se dérègle à l'écran, mais c'est l'avant numérique ! Yannick Bellon nous entraine dans l'univers de la toxicomanie, de l'incarcération qui en résulte et des modalités de réinsertion possible, ici au travers de la pratique d'une activité théâtrale menée par des éducateurs. La prévention. Cet enjeu fondamental sur lequel les politiques répressives ont cédé l'assimilant d'une manière trop simpliste à du laxisme. Tous les discours sécuritaires surfent sur la dangerosité sans jamais aborder la question de comment l'éviter ou plus en amont encore sans interroger les circonstances de la survenue d'activités répréhensibles. Emmanuelle Béart incarne une jeune toxicomane, dont la famille est sourde à son malêtre, incapable de se remettre en question. Marie ne peut penser son désarroi, elle a un traitement, c'est de "faire des trous" dans son corps. C'est ainsi qu'elle désigne l'usage de la seringue. Je n'avais jamais saisi cette dimension topologique de l'injection. Faire son trou pour oublier, pour enterrer son mal de vivre. S'incarner sur une scène, prendre part à un projet collectif et se mettre en scène, jouer un rôle devant des autres, qui considèrent, c'est-à-dire reconnaissent la qualité de notre prestation. Voilà un dispositif certes moins rentable électoralement, mais combien plus efficace au plan humain, au plan éthique et très certainement aussi d'un point de vue économique. A quand des propositions audacieuses en matière de traitement de la délinquance, de la toxicomanie, de la violence et de la prostitution ?
Si vous êtes un peu dépressif ou même légèrement de mauvaise humeur, passez vote chemin. Le film est en effet très dur et prend aux tripes grâce à l'interprétation puissante d'Emmanuelle Béart véritablement transcendée par ce rôle difficile.