Quelques-uns des plus célèbres contes sont à mettre au crédit de la fratrie Grimm, une éminence dans le genre ; aussi, fort d’un univers fantaisiste pour enfant, mais parfois également sombre, qui de plus qualifié que Terry Gilliam pour leur donner vie ? Et, connaissant le cinéaste et son incontournable patte, on ne s’étonne pas qu’une telle adaptation dépasse le carcan d’un simple biopic, celle-ci prenant en effet la forme d’un récit mêlant le fantastique à la vie des deux conteurs… plutôt alléchant sur le papier n’est-il pas ? Toutefois Les Frères Grimm ne tient pas toutes ses promesses, loin de là, ce dernier s’avérant dans son ensemble foutrement fade : la faute à une intrigue ne passionnant guère, l’histoire de nos deux arnaqueurs confrontés à un véritable cas d’ensorcellement se voulant plate de bout en long, décousue même. Il y avait pourtant de quoi faire, l’approche si typique de Gilliam se prêtant bien à ce type d’environnement, mais même sa direction visuelle si caractéristique n’a pas le même impact qu’à l’accoutumée ; il faut croire qu’à trame convenue mise en scène convenue, et l’on jurerait que l’auteur des ovnis Brazil et Las Vegas Parano s’est retrouvé ici bridé à tort… Dans une même veine les effets visuels sont pour ainsi dire vilains, et la bonne BO s’avère insuffisante pour ce qui est de relever une ambiance peu immersive ; le tout se veut donc regrettable, d’autant que Les Frères Grimm brille de quelques bonnes idées, à l’image de multiples références à quelques classiques de Wilhelm et Jacob, venant étayer de leur mieux une teneur faiblarde. Sur ce point, les personnages ne sont justement pas en reste, tel que peut en attester la fameuse fratrie, trop peu plaisante en l’espèce ; il subsiste par ailleurs un ton burlesque contrastant avec le sérieux souvent macabre du long-métrage, porté par le bien déjanté Cavaldi ou dans une moindre mesure le raffiné Delatombe. Enfin, dommage au regard du bon casting, le duo Damon / Ledger se voulant correct, et les excellents Peter Stormare / Jonathan Pryce incarnant avec un brio certain ces protagonistes secondaires tant décalés ; il convient pour finir de citer Monica Bellucci, au final peu présente à l’écran, son rôle passant avec outrance au second plan… preuve en est d’une intrigue peu captivante. On tient donc là un divertissement correct, mais assurément pas le meilleur Gilliam.