On entend souvent l’argument « avec l’humour de Terry Guilliam, on aime ou on n’aime pas ». C’est argument sous-entend que soit on est sensible à son humour et on apprécie le réalisateur, soit on n’est pas sensible à cet humour, et donc on a une incapacité intrinsèque à l’apprécier. Cet argument est facile et faux. On peut être sensible à l’humour décalé du Britannique, partager sa critique de l’absurde, son usage abondant du burlesque, du grotesque, et de l’outrance, mais trouver que parfois, il abuse de ces procédés. Absurde, burlesque et grotesque, et outrance, sont harmonieusement présents dans plusieurs de ses films pour donner des chefs d’oeuvre comme « Brazil », « Las Vegas Parano », ou même « L’Armée Des Douze Singes ». Mais dans « Les Frères Grimm », ces procédés sont en quantité et en durée démesurées, si bien qu'à plusieurs reprises, les rires et sourires laissent place aux bâillements. En outre, si plusieurs répliques de Jonathan Pryce sont ravageuses, l’accent français qu’il arbore sonne souvent archi faux. Quant au pseudo accent italien que prend ici le Suédois Peter Stormare, il est relou, tout autant que son jeu. Avec un scénario moins tarabiscoté, et des gags dans son style, mais moins longs et plus sobres, Terry Gilliam tirait son épingle du jeu. Hélas, comme avec son Baron, son Jésus, ou son Roi Arthur et ses Chevaliers, il en fait des tonnes, et il épuise.