Sur des personnages touchants, un jeune frère très intriguant et un grand frère néanmoins très caricatural, mais servi par une histoire aussi banale que tirée par les cheveux, Undertow déçoit sur plusieurs plans. Il n'a pas grand chose du film d'auteur qu'on voudrait nous vendre, sorte de mélange déséquilibré et inapproprié de styles différents. La logique d'abord, est rudement mise à l'épreuve: alors certes on peut filmer de l'étrange, du non sens, mais cette accumulation de bizarreries cotoyant des passages extrêmement ordinaires et convenus brise sans cesse le rythme comme les thèmes. Faire un film c'est raconter à l'aide d'une liberté totale dans une cohérence. C'est malhabile et hors-propos, en fait c'est plus facile que de donner du sens et de créer une œuvre très construite. C'est de l'expérimental. Et encore... De fait, le film passe trop vite sur une histoire qu'il réclame lui-même comme dense, et il ne s'attarde jamais sur les personnages: c'est là l'aspect le plus contradictoire et le plus regrettable. Au final, on s'est penché sur une histoire de téléfilm de M6, on a vu de très bons acteurs jeunes jamais mis au premier plan puisqu'on ne les voit que de plain pied, des décors intrinsèquement beaux mais au symbolisme caricatural naïf, le tout filmé avec un soit dit talent et une touche auteur qui sont tout bonnement les artifices à la mode quand on ne sait pas filmer. Oui, pour faire différent et diluer la clairvoyance des critiques, il faut bien ruser: camera zoom épaule, tremblements, fixations et jeux chromatiques mon bon monsieur... On ne nous aura rien épargné, et summum de ridicule, même la fin ouvre à interprétation, mais la ficelle est tellement grosse, qu'on en a mal pour ses jeunes acteurs doués. En somme, auteurisme inadéquat, artificalité et incohérence.