Dans un contre-emploi dramatique, tel que la plupart de ses comparses des Bronzés ont déjà eu l'occasion d'endosser, Josiane Balasko joue une femme flic dépressive,
hantée par le suicide de son fils.
De suicide, il en est beaucoup question dans ce film noir et ténébreux. L'intrigue, très énigmatique, est secondaire et, d'ailleurs, Guillaume Nicoux lui apportera une conclusion plutôt lacunaire. Son film se fonde essentiellement sur le style et l'ambiance. L'intrigue, le personnage joué par Balasko, les décors (froids, pluvieux, nocturnes) se combinent pour former un thriller démoralisant, exprimant un marasme, une morbidité érigés en cauchemar, avec pour finir une intrusion dans le
crime sado-maso.
La mise en scène de Nicloux s'inspire de ces récents thrillers américains, non pas fondés sur les incidents spectaculaires ou la fureur, mais sur le mystère et l'indicible, entrainant un récit lent et incertain. Le film flirte avec l'exercice de style, avec cette impression d'artifice qui l'accompagne souvent.
Si quelques scènes ne manquent pas de caractère, insolite ou dramatique, conformément à cette noirceur affichée, d'autres paraissent purement formelles dans l'expression de la hideur et de l'angoisse. La composition de Balasko, laconique, accablée, est à l'avenant: parfois inspirée, d'autres fois figée, suivant un personnage uniforme et sans nuances, complaisant dans le dolorisme.