Premier film du cinéaste Pascal Laugier, "Saint Ange" sera certainement la plus troublante et étrange de ses oeuvres. En multipliant les métaphores visuelles, les plans oniriques, dans une atmosphére lyrique et tendue, où l'ambiance sequestre le spectateur dans un contexte post-guerre. Le réalisateur joue avec les nerfs en ne livrant jamais les clés de ce mystére, mais n'oublie pas de dissimuler une multitude d'indices destinés à la reflexion personnelle, de sorte que l'on interprete l'ensemble de maniere individuelle. L'esthetisme général propose une large palette de trouvailles, bien que l'on sente nettement l'influence espagnole rôder autour de la caméra de Laugier. Visuellement, c'est captivant. Musicalement, une bonne partie de la composition est interessante, malgré un théme principal trop peu percutant. Le véritable intérêt réside en Virginie Ledoyen. On suit son personnage du début à la fin, on vibre à travers ses yeux et, plus l'histoire avance, plus on s'éprend de ses émotions. Au final, on pourrait être frustrés du fait de ne pas avoir clairement de conclusion. Seulement Pascal Laugier, grand metteur en scéne, a tellement transposé son excellent scénario que l'on demeurre sous l'effet de sa démonstration bien aprés le générique de fin. Clap de début pour ce réalisateur qui a des idées à revendre, une vision à exposer, et un véritable potentiel pour raconter des histoires. Je ne le dirai jamais assez, mais encore une fois (et dés sa premiére oeuvre), Pascal Laugier prouve qu'il est un narrateur de qualité, un ovni dans le cinéma français qui, en plus d'oser ambitieusement de nouvelles expériences, réussit haut la main. Alors certes, "Saint Ange" souffre ci et là de quelques choix de montage de discutables. Mais franchement, rien ne vient troubler notre torture psychologique pour se sortir de ce labyrinthe complexe. Trés bon.