Il y a des découvertes coup de coeur, comme ça, qu'on fait parfois dans les vidéoclubs. Spartan n'a - du moins je crois - pas eu droit aux honneurs du grand écran en France. Pourtant, c'est peut-être bien l'une des plus étonnantes révélations cinéma qu'il m'ait été donné de faire cette année. Sur fond de complot politique - dont on n'aura d'ailleurs jamais vraiment les tenants et les aboutissants - ce film de David Mamet conte en effet les péripéties liées à l'enlèvement de la fille du président des Etats Unis. Et si le point de départ se fait pour le moins galvaudé, on en conviendra, le film évolue très rapidement de rebondissement en faux-semblants pour s'imposer, sur le plan purement narratif, comme l'un des suspenses les plus intelligents et les plus haletants de ces dernières années. On évitera d'en dire davantage pour préserver l'intérêt de la première vision.
Alors, certes, l'on sent bien que les moyens ne sont pas là. Les décors en intérieur sont très pauvres, façon carton-pâte, et les choix formels à la caméra sont très conventionnels. Mais Spartan réussit à rester crédible à chaque instant. Jamais manichéenne, forte d'un casting emmené par un Val Kilmer qui n'a jamais été aussi en forme depuis Willow, l'oeuvre convainc, touche, émeut parfois. l'on s'identifie à chacun des atermoiements du héros, on compte avec lui les pertes sur le champ de bataille au nom d'une vérité qui, finalement, n'importe qu'aux rares personnes de ce film à témoigner d'un peu d'humanité.
Ce n'est pas fréquent dans un film, d'oser aller si loin dans l'intransigeance, et c'est peut-être ce qui a coûté à Spartan son anonymat. mais soyez en convaincus, c'est totalement immérité. En près de deux heures d'immersion dans un univers crépusculaire dont on aurait aimé voir ce qu'il aurait pu donner avec un vrai budget, Spartan aurait dû, aurait pu être l'un des grands films de l'année. Il n'appartiendra, finalement, qu'à quelques privilégiés. Soyez tentés...