Vraiment pas un film pour tout le monde. Allergique mature au cinéma alternatif, obscène, provocateur et cradingue, prière de s’abstenir. Pareil pour tous les moins de 16 ans. Mais sinon, si vous avez l'ouverture d'esprit nécessaire, et le gout pour le vieux film de genre fauché, ça reste une petite curiosité sympathique. Et pas si nulle qu'il n'y parait...
L'eurosploitation française dans un joli baroud d'honneur. Mené par un fameux cador, d'une de ses nombreuses ramifications. Pourtant plus habitué à la comédie légère, bas du front, grivoise et friponne. Une eurosploitation à son sommet de noirceur, de crudité, de violence, d'ambition esthétique et de crédibilité, qui lâche le budget dans un polar inattendu et bien filmé, aussi poisseux que documentaire. Et si ce film, a bien une petite signature nanardesque à la Pécas, il n'en demeure pas moins, bourré de cachet et de caractère. Pas mal d'action. Un peu de gore, de sadisme et de misogynie. Une bonne touche de roman de gare macho et sexy, avec des archétypes de personnages et d'intrigues, digne de l'age d'or bourgeois, du porno français des 70s. Et beaucoup de séquence magique, d'un fascinant vieux Paris gris et interlope, aujourd'hui perdu et totalement fantasmé...
Max Pécas. Le pape de la comédie navrante à la française, vous salut bien bas avant sa retraite, avec un film entre chien et loup. Viscéral, sombre et stylé. Une œuvre dure et sale. Étonnamment sérieuse et nihiliste. Technique et pleine d’effort artistique. Ce qui, dans les années 80, est plutôt inhabituel pour Max Pécas. J'imagine que c'est une dernière tentative, pour faire taire les prétentieux du tout Paris, qui l’appelaient d'un air moqueur, le roi du navet commercial. Oubliant rapidement que dans les années soixante, il était considéré comme un véritable rebelle culturel, et un jeune auteur prometteur. Un film émouvant. Car remplie de second couteaux jadis célèbre, ou du moins reconnu. Mais maintenant presque oublié. De vieux pote, et compagnon de route de la marginalité décomplexé, venu faire amicalement le guest chez leur copain Max, en toute convivialité familiale, une dernière fois avant la grande démarque, signifiant la fermeture définitive, d'une boutique d'un autre temps, et d'un autre cinéma à la française, certes moins argenté, mais tellement plus libre et fraternel...
Au premier degrés, le film n'est certes pas fameux, inoubliable, ni même remarquable. Et bourré de ces défauts classiques et outrancier, des dernières petites productions fauché de cette période. Ça n'est clairement pas du Scorsese, du Abel Ferrara, ou du Friedkin des 70s. Même si ça veut jouer sur ce vieux registre. Pourtant, le film se laisse voir sans déplaisir, ni regarder constamment sa montre. Mais alors, au second degrés, c'est un film généreux, rythmé, sans temps mort, gentiment sulfureux, réjouissant et terriblement attachant. Un film qui, de par son cadre, son grain, et son millésime, fera tirer une petite larme de nostalgie, à tout ceux qui ont vécu cette époque lointaine, où Brigitte Lahaie était encore très souvent, le sujet de discussion fiévreuse, chez les lycéens pubère et plein d'hormone...
Bref, si vous êtes amateur de petit Bis modéré et archéologique, ce film d'apéritif est pour vous, avec la promesse de passer un petit moment souriant et émerveillé. De tout ce que j'ai put voir de Max Pécas, c'est son film qui détonne le plus de ses registres habituels. Et c'est surement pour cette raison, que c'est mon préféré.