40 ans avant Prozac, l'antidépresseur ultime : un monument absolu de la mise en abyme, des films sur le cinéma, du cinéma tout court, l'astre éblouissant qui irradie, transcende, subsume, incarne (...continuez, please) - et tout ça sans la moindre prétention et avec l'exquise légèreté d'un ovni féérique - la comédie musicale !
La comédie est à la fois subtile et enthousiasmante, il y a du suspense (alors que la plupart des scénars de musicaux sont indigents), la musique est parfaite, les ballets extrêmements inventifs, il y a une réflexion très bien vue sur l'art cinématographique, un traitement magistral de la couleur et, last but not least, des moments d'image pure, des séquences d'anthologie qu'on peut revoir 50 fois sans se lasser.
Aboutissement de l'intégration "passages musicaux/narration", d'autre part - ils sont totalement justifiés par le contexte de la création d'un spectacle.
Tous les éléments de la réalisation d'un film sont décortiqués : on a une satire des différents genres à travers la carrière du héros, star du cinéma muet spécialiste de la cape et de l'épée, qui commence dans les films poursuite, le western et la grosse farce, et la sublime séquence finale (musicale) qui revisite le film de gangsters.
Il y a le son, avec un grossissement hilarant des bruits de plateau, des ratages possibles avec les costumes, la diction, la voix, le play back, les plateaux, les éclairages, les effets spéciaux...
Il y a tout l'univers de la production et des médias, du vedettariat, des aléas des débutants, avec chaque fois un croquis féroce et plein de bonne humeur des moeurs hollywoodiennes.