Noce blanche est le film qui a révélé Brisseau, et son actrice principale aussi, Vanessa Paradis, dans un film au sujet sulfureux, mais traité avec une étonnante sobriété par Brisseau.
Le casting est très bon, avec un face à face Cremer-Paradis qui convainc sans difficulté. Paradis est une fille superbe, et ce rôle malicieux et volontiers méchant lui colle à merveille, lui permettant de mettre en avant un personnage ambigu dont l’intérêt réside dans la dernière partie du film surtout, qui met en lumière les contradictions du rôle. Cremer est très solide, charismatique, imposant sa voix, son style, sa gestuelle sobre mais directe, il était bien trouvé pour ce rôle lui aussi. Autour de ce duo, des seconds rôles moins connus, pas mauvais non plus. Ludmila Mikaël apparait assez peu mais elle tire son épingle du jeu, c’est un fait.
Brisseau signe un scénario qui n’aborde pas forcément un sujet nouveau, celui d’un amour entre un prof et une élève. Abordant son sujet en simplicité et sobriété, il signe un métrage crédible, saisissant bien le glissement vers la romance par petite touche, et aidé de dialogues de qualité. Ça manque peut-être un peu de sensualité, du fait d’une actrice mineure lors du tournage, et l’émotion reste ténue, mais Noce blanche est un film fin, attachant, et qui prend toute sa force dans la dernière partie. Franchement, sans les vingt dernières minutes je n’aurai pas mis une aussi bonne note à ce métrage qui vient donner du relief à l’ensemble, quoique le dénouement soit presque attendu.
Formellement, Brisseau joue là encore toute en sobriété. Décors simples et réalistes, photographie délicate mais qui ne dénote pas une recherche particulière, en revanche quelques très beaux plans et une mise en scène maitrisée. Il y a une très belle scène de semi-nudité, qui rappelle que le réalisateur est à son aise dans ce registre, registre qu’il utilise cependant peu dans ce métrage. On n’évolue clairement pas dans un film érotique, avec un peu de nudité mais rien de significatif. Sans appeler forcément à en introduire davantage, pour autant c’est un peu dommage de rester si soft là-dessus, puisque je trouve que ça nuit un peu à la sensualité et à la force du métrage, qui reste du coup assez froid et distant. En dépit donc de quelques très belles scènes. La bande son n’a pour sa part rien d’exceptionnel, là j’aurai apprécié un effort plus significatif !
Pour tout dire, Noce blanche est un film appréciable, qui rappelle que Brisseau peut se montrer d’une belle délicatesse dans l’abord de sujet facilement graveleux. Il en est même un peu austère dans ce métrage, qui restera surtout dans les mémoires pour son duo d’acteur, pour sa subtilité, et de beaux tableaux issus de la mise en scène élégante du réalisateur. 3.5