Alexandre est un péplum sur lequel j’avais entendu pas mal de critiques négatives (bon il faut dire que la plupart émanaient des sourcilleux de la justesse historique). Honnêtement, on ne peut pas parler d’un chef-d’œuvre, mais ce n’est pas un mauvais film.
D’abord il y a le casting. Il y a une masse d’acteurs connus, jusque dans les seconds rôles, je ne vais donc pas tout détaillés, mais pointer les principaux. D’abord Colin Farrell livre une prestation solide. Il était à mon sens un bon choix pour le rôle d’Alexandre. Certes il y a quelques coups de moins bien, mais au final sur la durée du film il propose une interprétation honorable, que l’on appréciera ou pas, mais qui a le mérite d’avoir au moins une consistance. A ses cotés je dirai que le meilleur est Val Kilmer. Il monopolise l’écran à chacune de ses apparitions, et donne un Philippe II certes grandiloquent, mais finalement plus fin et plus travaillé que ne le laisse supposer sa première apparition. Il est très crédible. Angelina Jolie est un peu plus sur la sellette. Elle a trop tendance à surjouer, à en surrajouter, et par ailleurs, même si cela n’est pas trop marqué à l’écran, il est vrai tout de même que la différence d’âge entre Farrell et Jolie, sa mère dans le film, n’est pas suffisamment marquée pour ne pas poser problème. Quant à Rosario Dawson, en dehors d’une scène de nudité elle n’a pas grand-chose à faire, et on ne peut pas dire que son interprétation soit très enthousiasmante. Un peu trop de fadeur aussi du coté de Jared Leto, par contre belles prestations, courtes mais marquantes des anciens, Hopkins et Plummer.
L’histoire est plutôt agréable. Le film en effet, en dépit de sa longueur parvient à maintenir relativement l’attention. Il n’y a pas de grosses longueurs, le rythme des rebondissements est suffisamment soutenu, le film ne se contente pas d’enchainer les scènes de batailles pour garder sa nervosité. La jeunesse du personnage qui aurait pu être assez pénible est finalement un morceau plaisant. Faire le biopic d’un tel personnage était franchement audacieux, et c’est vrai que l’on a un peu de mal à envisager via ce film l’immensité de ses conquêtes, de son empire, même si cela est souvent rappelé. C’est vrai aussi que Stone a trituré l’histoire par moment, mais en même temps, messieurs les professeurs, un film n’est pas un documentaire, mais avant tout un divertissement. L’histoire n’est pas faite pour s’adapter spécifiquement aux problématiques d’un film, du coup oui, il y a des ellipses, des raccourcis, des simplifications, des ajouts mêmes, et puis comme il y a des trous il faut boucher avec un peu d’imagination parfois. Alors pour ma part je ne me prononcerai pas sur les orientations sexuelles d’Alexandre, mais il est clair que Stone insiste lourdement dans son film sur le parallèle avec Achille et Patrocle, et donc forcément il ne pouvait pas faire autrement.
Visuellement Alexandre est très bon. D’abord la mise en scène est à la hauteur de l’enjeu. Plans intimistes ou plans larges sur des paysages gigantesques, Stone réussit vraiment à se montrer convaincant. Il y a de la maitrise indéniablement, et une volonté de faire quelque chose digne du genre épique et majestueux par excellence qu’est le péplum. Le seul bémol pour ma part c’est la bataille avec les éléphants. Elle est peu lisible, brouillonne, on ne sait pas qui tape sur qui, on ne lit pas les mouvements de troupes. Là il y avait de quoi faire mieux. La photographie est tout à fait à la hauteur là encore, en dépit néanmoins d’un passage très bizarre, là encore au moment de la bataille avec les éléphants. J’avoue ne pas avoir saisi le choix de virer au tout rouge, vision qui gâche la fin du combat, et s’avère peu heureuse car plus laide qu’autre chose. Coté décors en revanche, c’est carton plein avec une reconstitution d’époque grandiose et luxueuse, et des décors naturels superbes. La bande son est non moins parfaite, avec une très belle partition de Vangelis qui lui est peut-être un peu impersonnelle, mais sied à merveille au métrage.
En conclusion, Alexandre est une réussite. C’est vrai qu’il n’est pas parfait, mais en même temps reconstituer le parcours d’Alexandre le Grand était un défi redoutable dont le réalisateur s’acquitte plutôt bien. Il y a peut-être un coté un peu trop lisse et impersonnelle dans cette œuvre, la manière dont est abordé le personnage n’est pas toujours très convaincante, mais il faut reconnaitre que le spectacle a du souffle et s’avère agréable. Il vaut je pense un 3.5, ayant quelques lacunes formelles, une histoire imparfaite, et plusieurs acteurs secondaires en dessous de leur talent.