L'oeuvre qui aura marquée le plus profondément ma vie de cinéphile.
Très supérieur, pour ma part, aux deux divertissements loufoques de Tim Burton, qui, avec leur ambiance cartoon et leurs personnages fantaisistes, n’étaient pas à la hauteur du mythe de Batman. Il fallait au Chevalier Noir une ambiance plus épique, un ton plus sombre, un récit plus psychologique : c'est exactement dans cette veine-là que Christopher Nolan a réalisé ce chef d'œuvre. On sera d’emblée marqué par un personnage : celui de Bruce Wayne. Relégué au second rang par Burton, il est ici au cœur du film. C’est de son point de vue que l’on suit le récit, à travers ses yeux que l’on vit la mort de ses parents, sa découverte du mal et sa quête de justice. Le spectateur plonge dans les tréfonds de sa psychologie, à travers ses doutes, ses émotions et ses découvertes. Un personnage inoubliable, à la fois attachant (le spectateur s’identifie immédiatement à lui), et imposant : son charisme est donc la base sur laquelle tient ce film. Les personnages secondaires ne sont pas en reste (on retiendra en particulier la magnifique Katie Holmes), et les méchants sont quant à eux marquants : réalistes, complexes et glaçants. Oubliez le Joker en carton-pâte de Burton !
La réalisme est de mise dans ce nouvel opus: tout est crédible, rien n'est improbable. Tout sonne juste ici : chaque relation entre les personnages, chaque subtilité psychologique, chaque appartion de Batman, chaque émotion sonne juste et réaliste. L’histoire racontée ici (celle d’un homme qui se déguise en chauve-souris pour combattre la mal) est pourtant hors norme. Et pourtant, Nolan a réussi l’exploit de la tourner de manière réaliste : c’est ce paradoxe qui rend Batman Begins aussi fascinant. Qui dit réalisme dit aussi psychologie ; celle-ci, omniprésente et très fouillée, contribue à rendre l’alchimie entre les personnages aussi envoutante, le personnage de Bruce aussi intéressant et les thèmes du film aussi profonds. En effet, Batman Begins ne se contente pas d’être un simple blocbkuster, mais se livre aussi à une analyse de la peur, de la culpabilité, de la volonté et surtout de la justice. Qu’est-ce qui définit la justice? À cette question, qui hante Bruce de bout en bout, le flim donne plusieurs réponses pertinentes. À travers la Gotham City, infestée de bureaucrates corrompus et de policiers dangereux, Nolan dénonce avec habileté la peine de mort, mais aussi (plus subtilement) le système capitaliste, comme cause de la criminalité. Au final, le message que l’on retiendra surtout est le suivant: la valeur de toute vie humaine est sans prix. Intelligent, le film l’est non seulement dans son message, mais aussi dans son scénario: chronologie non linéaire, rebondissements incessants, insufflent à ce récit un suspense insoutenable, décuplé par un coup de théâtre surprenant. Vous l’aurez compris, c’est plus qu’un simple blockbuster. Mais c’est aussi un excellent divertissement. On appréciera un rythme effréné dès le départ aidé par une caméra nerveuse et des rebondissements incessants. L’esthétique nouvelle de ce film gratifie le spectateur de plans sublimes, à la fois noirs et saturés, renforçant le réalisme du film. La beauté visuelle est transcendée par la splendeur musicale: Hans Zimmer et JN Howard composent une BO incroyablement épique, prenante et atmosphérique, inoubliable grâce à ces violons qui montent en creshendo et ces percussions haletantes. Les scènes d’actions ne sont pas en reste: si on regrettera le montage hâché voulu par Nolan, on ne peut qu’admirer le côté réaliste et novateur des combats, ainsi que leur souffle épique. Enfin, des touches d’humour incessantes agrémentent le tout. Blockbuster extrêmement divertissant et thriller psychologique d’une rare finesse: la forme et le fond trouvent ici une rare harmonie afin de livrer une oeuvre épique et fascinante. L’exemple parfait de cette union entre le fond et la forme sont les dialogues: efficaces et incisifs, ils sont aussi profonds et fouillés; chaque phrase ou presque se révèle être une vraie perle. Certains regretteront toujours le "charme" des oeuvres de Burton. Toujours est-il que jamais elles n'atteindront la dimension homérique, la profondeur psychologique, le charisme des personnages, l'humanisme des messages et la mégalomanie des séquences d'anthologies de Batman Begins. Ni son ambiance inimitable. Christopher Nolan a-t-il ressucité Batman après le désastre Shumashcher? Non, il lui a donné vie au cinéma. Un hymne au pouvoir de la volonté, à la valeur de la vie humaine et à la justice, dans une ambiance noire, psychologique et héroïque. "Qui que je sois au fond de moi, je ne suis défini que par mes actes".