May est une fantastique métaphore sur la situation de, justement, May, cette jeune fille au comportement plus qu'étrange.
Le film, tout d'abord, est basé sur un scénario en béton : on voit qu'il a été réfléchi et le film est truffé de détails qui font de Lucky McKee déjà un excellent scénariste, ce qui n'est quand même pas rien.
Ensuite, les acteurs. Là franchement, chapeau. Angela Bettis signe ici une performance inoubliable, qui restera gravée dans nos mémoires et dans sa filmographie à jamais. Il n'y a pas une scène où elle ne se démarque pas des autres, toujours surprenante, elle fait des choses auxquelles on ne s'attend pas avec une folie teintée de beauté toute à fait fascinante.
Suivent ensuite les excellents Jeremy Sisto, Anna Faris, et surtout James Duvall. L'homme qui se cache sous le costume de lapin dans le tout aussi excellent "Donnie Darko" fait ici une très brève apparition, mais alors quelle apparaition ! Sorte de gamin névrosé dragueur à deux balles, chez Lucky McKee, il y a de petits rôles, certes, mais que des grands acteurs.
Puis la réalisation. On peut regretter un certain manque d'innovations (certaines scènes sont filmées très élégament puis le reste n'a le droit qu'au standard du genre) dans certaines scènes, mais même quand les mouvements de caméras ne sont pas très ingénieux, la réalisation reste somme toute fort correcte et même nettement supérieure à la quasi-totalité de ce que l'on peut voir sur le marché des films du même genre. Alors quand on sait que c'est la première réalisation du jeune McKee, on pense forcément qu'il a un grand avenir devant lui.
Venons-en maintenant à la psychologie des personnages : le tout a savamment été étudié et ça se voit. Le personnage de May, comme dit plus haut, est tout bonnement savoureux tant tout a été minutieusement préparé pour faire de cette fille pas ordinaire une fille... vraiment pas ordinaire !
Enfin, la musique. Dommage qu'elle ne se démarque pas tellement... Enfin, la musique. Dommage qu'elle ne se démarque pas tellement, car elle aurait pu ajouter un réel plus au film. En effet, Donnie Darko possédait à mon goût une bande son légèrement plus "envoûtante" si j'ose dire. D'ailleurs, si je fais un parallèle avec Donnie Darko, ce n'est pas pour rien. Car oui, les deux films ont en commun le même genre : le genre foure-tout. Ainsi, même si divers genres se démarquent de ces deux productions, celui du drame ironique est celui qui transparaît le plus. Mais la comparaison ne s'arrête pas là. Lucky McKee comme Richard Kelly ont signé avec leurs films respectifs leur première réalisation, ainsi que leur premier chef-d'oeuvre. Car oui, la plus forte qualité qui se dégage de May est certainement l'impression d'avoir vu un grand film, alors que le réalisateur n'en est qu'à ses débuts. Et cette impression ne s'est pas vue depuis... Donnie Darko. Comme quoi, une nouvelle vague de réalisateurs talentueux et marginaux vont bientôt grignotter peu à peu le marché du cinéma américain. En somme, avec May, on tient là un petit chef-d'oeuvre de psychologie, d'humour noir, de fantastique, de drame, de comédie, de romance etc... Ah, et j'allais oublier : comme Donnie Darko, May n'oublie pas le principal : une fin carrément géniale. Et bien je pense que nous tenons là un film culte ? Yes, Sir !