May est un film d’horreur qui lorgne tout de même largement vers la comédie très noire, non sans développer au demeurant, une histoire assez touchante.
D’abord le film s’appuie sur un casting très solide et mené par une Angela Bettis tout à fait au point. Elle est un atout majeur pour le métrage, s’avérant non seulement hautement charismatique (elle crève l’écran), mais jouant en plus avec une finesse remarquable. En la matière je trouve même qu’elle est supérieure dans la première partie du film (avant qu’elle ne commence à peter un plomb) où elle s’avère parfois franchement drôle. Elle possède le personnage, et livre une composition impressionnante qui tire très clairement May du tout venant. A ses cotés évidemment les personnages sont secondaires, malgré des acteurs qui suivent plutôt bien Bettis. A remarquer le rôle d’Anna Faris.
Le scénario est amusant, reprenant à son compte l’histoire de Frankenstein, tout en restant dans une dimension réaliste. La phase d’exposition est tout à fait plaisante, bien que longue, et en fait c’est là le seul reproche que je ferai à May du point de vue de l’histoire : le noyau dur du film ne débute que dans les dernières 25 minutes à peu près, et du coup, même si le reste de l’histoire n’est pas du tout ennuyeux, le métrage donne un peu le sentiment de mettre de coté son élément principal. Pour le reste le rythme est solide, il y a de l’humour, quelques meurtres bien sentis, et une conclusion à la hauteur. Bref, c’est tout de même bien fait.
Visuellement, avec un tout petit budget le réalisateur a fait un travail très convenable. May est en effet solidement mis en scène par un réalisateur visiblement inspiré par son sujet. Le travail sur les meurtres notamment est remarquable (un d’entre eux en particulier), et le film a réellement un aspect maitrisé. C’est en accord d’ailleurs avec une photographie tout aussi soignée et plaisante. C’est surtout vrai du travail d’ambiance dans les intérieurs, en particulier celui de May, qui trouve un parfait équilibre entre l’intérieur funèbre que l’on peut imaginer, et le parti pris réaliste du film qui ne nous plonge pas dans l’antre d’un ogre cannibale ! Coté décors c’est un peu juste, mais compte tenu du scénario et du budget ce n’est pas un élément très problématique. Alors May réserve quelques effets horrifiques sympathiques. Les meurtres sont bien faits, certains très plaisants. Malgré tout le film ne va pas dans les excès de gore, et il ne faut pas vous attendre à voir beaucoup de sang, ni vous attendre à voir des corps dépecés. Rien de tout cela ici. Quant à la bande son je l’ai trouvé convaincante, mais pas marquante outre mesure.
En conclusion, May est un film tout à fait agréable, qui mérite un petit visionnage pour les amateurs du genre. Au delà de la révélation Bettis, qui donne corps au métrage, l’ensemble est de qualité et offre, en dépit d’un budget ric-rac, un spectacle soigné et classieux. Je lui donne un 4.5 mérité, car en dehors d’un scénario un peu déséquilibré et de décors moyens, May n’a franchement pas de défauts particuliers.