JP Melville offre là un rôle en or et à contre emploi à notre Bébel national en début de carrière. Une femme athée et libertaire voit un prêtre pour philosopher, confesser, discuter de tout mais surtout de foi et de religion... Evidemment le parallèle avec une patiente et son psy va être le fil conducteur du film. Outre l'interprétation parfaite de Belmondo et de Emmanuelle Riva l'intelligence du fond est aussi intéressante sans être pour autant une apologie du divin. Chef d'oeuvre trop méconnu.
Un film à part, atypique dans l'oeuvre de Melville et qui n'a guère d'équivalent, à ma connaissance, dans le cinéma français. Sur fond d'Occupation, une ancienne militante communiste, veuve et tentée par l'homosexualité, tombe sous le charme d'un curé charismatique, se reconvertit au catholicisme et tombe amoureuse de son mentor. Les longs dialogues sur la foi ou le salut pourront finir par lasser. Le film est déroutant par le caractère totalement statique du personnage du curé: dans le pas de deux entre lui et Emmanuelle Riva, il n'y a qu'elle qui bouge. Lui reste le même, inchangé dans ses certitudes et dans ses sentiments. Elle ne lui apprend rien, c'est uniquement lui qui fait partager son savoir. Pas évident de mettre en scène un tel déséquilibre sans sacrifier l'intérêt et la crédibilité du récit. Et le pari est réussi, en grande partie grâce à la prestation de Jean-Paul Belmondo, a priori improbable en homme de Dieu à la fois incorruptible et fin théologien, mais remarquable par l'assurance et l'autorité qu'il dégage. Une oeuvre très personnelle, qui se mérite parfois, mais qui a les moyens de ses ambitions et témoigne, s'il en était besoin, du talent de son regretté auteur.
Il s'agit d'un film de 1961, si ce prêtre semblait anti-conformiste à l'époque, aujourd'hui la société et les mentalités ont changées. Ce film n'a rien de moderne, il est figé dans son époque. Morin utilise de vieilles argumentations religieuses, plutôt faciles à remettre en cause, car se basant sur une relative ignorance, et qui usent excessivement du fait que la religion chrétienne a pénétré notre société à travers quelques siècles : il est donc facile de poser ses arguments comme étant acquis, comme étant LA vérité. Etant athé convaincu et réfléchi, je souhaitais que Léon Morin puisse me donner du grain à moudre : il est juste consternant de vieille rhétorique. Pour y croire il faut avoir la foi, quand on est athé comme est sensée l'être cette femme, Barny, c'est loin de suffire. Pour conclure sur une note positive, la réalisation du film, son ambiance et le jeu des acteurs méritent d'être notés, donc film relativement intéressant ...le débat de fond étant fidèle à l'époque finalement.
Melville a adapté le roman de beatrix beck avec le respect et le détachement neccessaires. Ni trahison du livre, ni plate mise en image mais un film d'une grande personnalité. Je n'ai jamais vu une oeuvre aussi intelligente sur un thème comme la religion. Dernière chose: les deux comédiens principaux sont remarquables de retenue, de pudeur et d'ambiguïté, mention spéciale pour belmondo.
Il semble que le résumé sur allociné ait été écrit par quelqu'un qui n'avait pas vu le film. Il s'agit en fait d'un dialogue remarquable d'intelligence entre une jeune veuve communiste et anti-cléricale et un jeune prêtre anti-conformiste et terriblement séduisant (tant physiquement qu'intellectuellement). La réthorique de Léon Morin finit par avoir raison de la méfiance de sa disciple, et de celle dus spectateur par la même occasion. Si la vision du christianisme n'y était pas si moderne (révolutionnaire ?), on pourrait penser qu'il s'agit d'un film de propagande du Vatican, tant l'anticlérical communisant que je suis s'est laissé ebtraîner au doute. Un film d'une grande intelligence et d'une extraordinaire modernité.