Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
soniadidierkmurgia
1 189 abonnés
4 177 critiques
Suivre son activité
4,5
Publiée le 2 mai 2014
Peter Greenaway dans la lignée de réalisateurs comme Lynch, Kubrick, Cronenberg ou Ferrara ce réalisateur possède un univers bien particulier. Son film foisonnant peut être vu comme une critique amère de la société de consommation qui mène à la soumission au pouvoir. Dans ce restaurant temple de la cuisine à l’ancienne, tenu par un Bohringer qui fait un peu tâche dans le décor par un jeu trop hiératique qui sied mal à sa nature généreuse ; un mafioso local devenu le propriétaire fait de l'endroit soir après soir, le théâtre des humiliations qu’il fait subir à son entourage et principalement à son épouse qu’il semble avoir du mal à satisfaire sexuellement. Les scènes se déroulent en quatre endroits qui prennent chacun une couleur spécifique : Rouge vif pour la salle de restaurant, Vert bouteille pour les cuisines, Blanc blafard pour les toilettes et bleu métallique pour le parking. On se déplace en travelling d’une pièce à l’autre. La salle de restaurant est dominée par une immense toile du peintre flamand Frans Hals. On le voit, Peter Greenaway a un vrai parti pris esthétique. Le chef de bande joué par un magnifique Michael Gambon est tout à la fois odieux et capable d’une certaine affection pour sa femme qu’il semble avoir bien du mal à exprimer. spoiler: Celle-ci, jouée par la sublime Helen Mirren, tombe sous le charme d’un client lettré toujours seul à sa table. Le coup de foudre a lieu dans les toilettes lors d’une scène rythmée par la musique entêtante de Michael Nyman qui deviendra l’hymne des deux amants. Ceux-ci avec la complicité du cuisinier trop souvent humilié par son rustre propriétaire feront l’amour dans tous les recoins des cuisines . Nous avons alors droit à des scènes d’un érotisme tout à la fois débridé et raffiné. Il faut dire qu’Helen Mirren en guêpière damnerait plus d’un saint. spoiler: L’épisode des deux amants réfugiés dans la bibliothèque est grandiose d’émotion et de gravité. Conscients chacun qu’ils ne sortiront pas indemnes de leur histoire, les deux amants choisissent de jouir pleinement des moments qui leur restent . La fin est au diapason de tout le film : surprenante et sublime.
Véritable splendeur visuelle, Le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant est à mi-chemin entre la provocation excessive de la Grande Bouffe et la délicatesse stylistique de Barry Lyndon ( bien que les trois films n'aient - en définitive - pas grand-chose en commun ). L'oeuvre de Peter Greenaway joue constamment sur les contrastes - dignité et dépravation, finesse et vulgarité, douceur et violence, sensualité et brutalité - pour mieux nous retourner les sens. En ce sens justement, le travail sur les couleurs est impressionnant : toilettes immaculées en guise de Paradis Perdu, restaurant rougeoyant évoquant les terres du Malin, extérieurs d'un bleu saturé... Greenaway donne un relief pictural saisissant à son film ( l'auteur est réputé pour son passé d'artiste peintre ), tout en élaborant une étude minutieuse sur la condition humaine. Rarement un film aura capté avec autant de subtilités les limites entre lumière et ténèbres. Mais nul purgatoire entre les deux : simplement un impuissant cuisinier, témoin emblématique de l'esprit du film. Une oeuvre d'Art.
Il y a le « voleur », grossier, violent, n’acceptant pas qu’on le contredise et selon lui gourmet, il est propriétaire d’un grand restaurant fréquenté par une clientèle huppée et dont le chef est Richard, le cuisinier, discret, bafouillant un mélange d’anglais et de Français et obéissant à contre cœur mais sans broncher au « voleur ». Il s’entend bien avec la femme de ce dernier qui a un palet fin, des gouts raffinés mais discrète et soumise à son mari qu’elle ne supporte guère. Sous l’œil de Richard, elle rencontrera « l’amant ».
Peter Greenaway met en scène tout ce petit monde commençant (après une première scène assez violente) doucement (mais de très belle manières) pour monter peu à peu dans la violence, de l’érotisme et du sadisme. Esthétiquement c’est superbe, on est vite plongé dans son monde et sa totale maitrise de la caméra. Toutes les images et les cadres sont truffés de détails souvent savoureux, son utilisation des couleurs est exquise, tout comme ses mouvements de caméra, sa maitrise technique (notamment ses travelings !) et son utilisation de l’excellente musique de Michael Nyman. Visuellement c’est un régal et en même temps on commence par prendre plaisir à suivre ses personnages, notamment le voleur, bien bruyant et incorrect et sa belle, sensuelle et discrète.
Mais Greenaway n’oublie ni les seconds rôles, ni le déroulement de l’histoire qui va assez prendre une toute autre tournure lorsque le voleur se rendre compte de ce qui se passe. C’est bien orchestré avec des personnages et des enjeux intéressants. De plus il est bien servi par d’excellentes interprétations, que ce soit l’ignoble Michael Gambon, Richard Bohringer ou la très sensuelle Helen Mirren.
Le film est captivant de bout en bout, sans longueur et c’est un réel plaisir cinématographique de suivre cette histoire mettant en avant la difficulté des rapports humains avec un esthétisme inventif et superbe.
On ne ressort pas intact de la vision de ce film coup de poing. A la violence, voire au sadisme et à l'abjection de certaines situations répond l'érotisme parfaitement abouti des scènes avec Helen Mirren (absolument parfaite dans ce rôle). Et tout est transcendé par une réalisation hors du commun, l'utilisation de grands travellings et le travail sur les couleurs sans oublier l'excellentissime musique de Michael Nyman. Le rôle très particulier de Richard Bohringer (doté d'un accent français volontairement abominable) est très intéressant dans son évolution. Le film se termine en apothéose avec une fin géniale digne d'une scène d'opéra. ----- P.S. : Les comparaisons avec "La grande bouffe" lus ici et là sont totalement hors de propos, le seul point commun entre ces deux films géniaux est qu'on y mange beaucoup mais les propos sont totalement différents.
Ah il divise ce film et ce pour bien des raisons ! Personnellement j’aime bien même si je ne hurle pas au génie. Force est de constater que ce film en a dans le ventre. C’est un hommage direct au théâtre, à la tragédie classique avec la formation d’un triangle amoureux, avec le cuisinier, une sorte d’arbitre. Visuellement c’est juste saisissant, la technique est orgasmique de par la virtuosité des plans et des mouvements de caméra mais pas que. Il y a un travail pictural très intéressant qui s’appuie sur la force des couleurs. La salle à manger du restaurant est d’un rouge vif, il y a ce côté infernal typique du diable dans ces lieux, les toilettes sont d’un blanc immaculé, une sorte de paradis dans cet univers sauvage. Certes c’est un peu trop démonstratif mais ça contribue au côté jouissif du film. Les acteurs sont excellents, j’ai particulièrement aimé Bohringer et Michael Gambon. L’un dans son rôle d’arbitre observateur, l’autre dans son personnage pourri jusqu’à l’os. Le film dispose d’une atmosphère particulière qui m’a plu mais que je n’ai pas totalement adoré. Il y a des choses qui m’ont irrité, le côté un peu trop sadique du film, le gosse blond qui chante (il méritait une paire de baffes !) et de manière plus générale le fait que Greenaway en fasse un peu trop mais dans l’ensemble ça reste vraiment bien, une curiosité à voir.
Quand un réalisateur british génial, perfectionniste rabelaisien et peintre par dessus le marcher, réalise le meilleur de ses films autour du thème de la gastronomie, choisissant inévitablement un immense acteur français (Richard Borhinger) comme maître queue, mais traitant aussi des questions essentielles que sont la défécation, (les wc étant de blanc immaculé) la sexualité, la laideur incarnée par le bête et méchant Spica (Michael Gambon) et la pureté (le chant divin de l'angélique Pup). Des travellings qui font passer le spectateur dans des atmosphères les plus hétéroclites dans un décor qui pourrait être celui d'un théâtre, ajoutant ainsi à l'étrangeté de l'ambiance. Pour finir avec l'une des plus géniale scène de vengeance de l'histoire du cinéma.... ça donne un film exceptionnel. À revoir, puis à voir, encore et encore... avant et après!
Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant, de Peter Greenaway (1989). Je m'attendais à tout, sauf ça. Un film a voir ABSOLUMENT, tellement il est original et bon. La photographie est très bonne, la réalisation, dans sa globalité, est très bonne, la mise en scène est énorme, les deux musiques (deux tèmes principaux que l'on entend plusieurs fois pendant le film), sont magnifiques, les acteurs sont très bons (à noter Tim Roth et Richard Bohringer. Le premier étant très bons, mais on ne le voit pas asser pour dire qu'il est excellent, le deuxième,lui, l'est). De très long plans séquences et de très long travelling, qui demandent beaucoup de travail mais qui sont sublime et joussif. Chapeau bas pour la direction artistique (pour les coiffures, les costumes et les décors). Le scénario dans le fond est classique, mais très bien réhausser par le reste et par le sorte de huit clos dans lequel se passe l'histoire. 90% du film se passe dans un restaurant. Bref, du grand art.
Il y a une maîtrise évidente de la mise en scène et de la photographie. Peter Greenaway est une sorte d'architecte visuel cinématographique. Pour lui, chaque plan doit être magnifique, travaillé, parfaitement cadré. Bref, on ne va pas lui reprocher ça, même si peut-être que certains seront agacés par cette recherche continue qui peut passer presque pour artificielle. Mais qu'importe, c'est tellement bien fait que pour moi c'est vraiment le point fort du film. Mais pourquoi ne pas accompagner sa mise en scène par un scénario plus inventif ? Dommage.
Un remake de La grande bouffe par greenaway vous imaginez ? Un casting étrange ou se cotoie michael gambon et richard bohringer, oui oui ! On aime ou on aime pas greenaway, il n'y a pas de place pour deux avec lui, mais on ne peut l'ignorer ni nier son talent, faisant de lui, l'un des plus extravagants réalisateurs actuels.
Une réalisation baroque et outrancière avec des scènes marquantes, normalement j'aurai du aimé mais la scénarisation trop théâtrale ne m'a pas attiré et c'est un peu trop décousu.
spoiler: Vu sur DVD . Film qui marque durablement. Le voleur et sa femme sont remarquables. Les tableaux et la façon de filmer éblouiassants. Il parait que le film est avant tout une critique du thatcherisme, avec Spita représentant la classe dirigeante thatcherienne pillant le pays, les cuisiners représentant la classe ouvrière soumise aux puissants, les clients du Restaurant la classe élevée, complice même si elle peut se retrouver victime, et Helen Mirren symbolisant l'Angleterre, sous l'emprise de Thatcher, mais s'émancipant progressivement. Son amant, représente la Gauche, impuissante et se laissant humilier sans combattre (ses livres sont régulièrement jetés à terre par Spita). Même sans connaître cette interprétation, j'ai apprécié le film par son esthétisme et l'intensité des scènes
Ce film est unique et il est difficile de rester neutre. Après une entrée remarquée et très/trop violente dans le restaurant de M. Spicca, nous plongeons minute après minute dans des discours interminables de vulgarité et de brutalité. Le personnage principal est particulièrement grossier et saoulant au possible avec ces discours sans intérêt et cette hyper sialorrhée (excès de salive) dont il semble atteint. Derrière tout ce grabuge, un trésor. Un aspect très « grandiose » émane de ce film comme un écho dans une cathédrale. Il semble unique, mais à façades infinies. La mise en scène, les musiques, les costumes (de Jean Paul Gauthier) et les décors donnent cet aspect presque religieux, sacré. Par exemple, la cuisine du restaurant fait penser à une église avec ses dimensions qui semblent infinies et dans laquelle un enfant, blond comme un ange et aux allures du Petit Prince de St-Exupéry, chante à plusieurs reprises d’une voix aigüe et lyrique tel un enfant de chœur. Lorsqu’on passe dans la salle à diner empli de rouge diabolique, nous nous retrouvons alors dans la salle des pêchés, un véritable champ de bataille, un enfer. On pourrait sans difficulté faire une composition littéraire sur ce film. Au-delà de cette recherche d’esthétisme créatif et de ses symboles forts qui, de façon énigmatique, sont dispersés dans les moindres recoins de cette fresque cinématographie, Peter Greenaway aura à mon gout réussi à étouffer sa propre œuvre à coup de discours excessifs. INSPIRÉ.
Ravissement des 5 sens, ce film est une réussite depuis la composition de tableaux magiques jusqu'à cette intrigue au besoin culinaire ou carrément anthropophage pour amateurs éclairés ! Peter Greenaway est incomparable c'est vrai mais son cinéma n'est hélas pas accessible à grand monde… Dommage. Il aurait sûrement gagné à un moment de sa carrière à chercher à toucher un public plus large.
Je mets une demi étoile, car la mise en scène est bien faite. Le thème est nul, l'histoire est nulle, et en plus, c'est à déconseiller aux âmes sensibles. Et devrait être interdit aux moins de 18 ans. Moi même qui en avais 30 ai été traumatisée par certaines images abominables. Je l'ai vu à sa sortie, et je me souviens du nombre de personnes parties avant la fin tellement c'était insoutenable. Certes Greenway a l'art de la mise en scène, mais là c'est râpé pour lui, et du coup, j'éviterai tous ses films. C'est un sadique.