Film à sketches, et ovni cinématographiée, voilà un curieux objet qui va laisser les amateurs de suspenses calibrés genre box office musclé à la testostérone sans voix, bouche bée de stupéfaction, avec l’air de dire : "Il se fout de notre gueule ou quoi, c'est quoi ça? " Une curiosité, voilà tout.
Caméra fixe, deux chaises autour d’une table, deux individus, on n’a même plus besoin d’avoir des acteurs, on peut prendre des célébrités qui jouent leur propre rôle. Le prétexte, c’est une tasse de café, et l’action c’est dans les dialogues seulement, c’est pour le moins minimal. Malentendus, quiproquo, propos surréalistes ou volontairement à côté de la plaque, humour au cinquantième degré, on est au croisement du théâtre et de la pure performance dans le style «l’art pour l’art», un jeu purement mental et non séduisant et assumé comme tel, le plus étonnant c’est que malgré cette sécheresse apparente, cela fonctionne quand même. Avec un noir et blanc de rigueur, pour faire encore plus sérieux.
La prestation de Kate Blanchet est impossible à refaire au théâtre soit dit en passant. Le duo entre les acteurs, l’italien et l’anglais est irrésistible. Le quiproquo entre Alex Descas et Isaac De Bankolé est tellement absurde, qu’on pense qu’à un moment ou un autre, ils vont finir par se battre. Bil Murray face au Wu-tang c'est assez inattendu, ça détend les zygomatiques tout en douceur, le but c'est pas le fou rire à se rouler par terre. C’est le genre de surprise auquel on ne s’attend plus dans notre panorama aseptisé, et qu’on met de côté pour le re-regarder un de ces jours, tellement on est surpris qu'on a adoré.