Il suffit parfois de vraiment pas grand chose pour faire un bon film, par exemples : quelques tasses de cafés, quelques cigarettes, des tables, des acteurs. Ce sont là les ingrédients réunis par Jim Jarmusch dans « Coffee and cigarettes », compilation de sketches filmés sporadiquement sur une période d'environ vingt ans. Tous ces courts-métrages fonctionnent sur le même canevas : une conversation autour de cafés et de clopes. Conversations absurdes, et souvent drôles. Jarmusch est bien aidé par un casting de luxe, constitué par un bon nombre des acteurs et actrices de son univers. Des acteurs qui donnent vie à des personnages toujours marginaux, ou excentriques ; et des acteurs qui jouent parfois – intéressant paradoxe – leur propre rôle! Coffee and cigarettes, ce sont des beaux loosers qui semblent vivre en dehors du monde social, et plutôt au dedans d'un monde marginal, et subversif, ce que symbolisent leur cigarettes. Et le film parle peut être surtout de cela, de la difficulté qu'ont les personnages de communiquer, de trouver leur lien avec le monde social. On répète plusieurs fois une expression qui me semble très signifiante : « Tesla voyait la terre comme un conducteur de résonance acoustique ». Une résonance avec le monde extérieur, voilà ce que semblent chercher les personnages, sans arriver à véritablement la trouver. Il ne reste que quelques éléments capables de les réunir le temps d'une conversation : le café, la cigarette, et la musique. Celle-ci est également présente de bout en bout, en fond sonore tout comme à travers les personnages, souvent chanteurs eux-même. Et le cinéaste maitrise totalement cette bande-sonore, qui contribue beaucoup à l'atmosphère particulière de son film.
En adoptant la structure d'un film à sketches, Jarmusch prend le risque d'avoir un résutlat inégal, et ce film n'échappe pas à cette règle, je trouve. Chacun devrait néanmoins trouver son bonheur dans l'un ou l'autre sketch. A titre personnel, j'ai préféré les segments « Somewhere In California » (Iggy Pop et Tom Waits pour une joute verbale et musicale), « Delirium » (Bill Murray qui boit le café directement dans la cafetière et s'amuse avec des rappeurs) et « Cousins » (rencontre « familiale » entre Alfred Molina et Steve Coogan »). Dans des sketches moins drôles, je retiens aussi des prestations généreuses de Cate Blanchett, Steve Buscemi ou Roberto Begnini. Tous les acteurs, en fait, semblent vraiment prendre du plaisir à venir tourner leur scène, et ce plaisir est communicatif.
Même s'il est inégal et peut sembler vide par moments, je trouve ce « Coffee and cigarettes » réjouissant dans son univers décalé, ses personnages marginaux, sa musique particulière, son humour absurde. Le cinéma de Jarmusch, contrairement à la cigarette, ne nuit pas à la santé, mais faites attention : vous pourriez bien devenir accro