Ju-on est clairement la revisite ultime du mythe de la maison hantée ! A sa manière tout de même.
Ce qui frappe d'entrée, c'est le foutoir de cette baraque. Des détritus sur le sol, aux draps infames sur le fil, jusqu'à l'état déplorable de cette grand-mère mutique livré à ses moyens très restreints ... Tout donne envie de mettre les voiles ! Avec ce décors planté, Shimizu livre bientôt une ambiance qui vire au claustrophobe avec
la découverte du gosse dans le placard ! L'apparition qui achève le peu de vie qui restait à la vieille dame donne une figure, ou plutôt forme au fantôme qui rode ici bas ... Son regard fait fondre le cadre et transite vers une suite surprenante.
Car oui voilà, là ou Ju-on innove c'est que le film ne se fige pas passé son premier coup d'éclat. Takeshi Shimizu raconte son histoire avec des chapitres tous centrés ( plus ou moins ) sur une personnalité en lien direct avec l'action du moment, avant de dérivé à sa guise dans
des temporalité alterné, entre brèche et horizons parallèle superbement imagé.
Tour à tour, le procédé restitue le même foutoir, les empreintes, les appariations en coins, d'autres cris à mettre en perspective.
Le jeu de possession ne devient que plus grand à mesure que la mise en scène se déploie et laisse croitre tout son arc autour. Shimizu capte l'étrangeté, pour mieux la résoudre au dehors de sa cage, en l'y laissant, avant de lui laissé un espace pour en sortir. La scène des toilettes avec Hitomi, comme d'ailleurs tout ce qui la concerne en définitive atteste dette peur dorénavant " libre " de mouvement. Ju-on nous confronte en cela à la peur qui nous déloge, qu'on lui fasse face, ou que l'on se terre dans un quelconque refuge. Celle-ci piste et traque.
La manigance de la temporalité alterné est mise à contribution, j'aime particulièrement la confrontation du bloc rationnel à la chose lors de l'entrée de la police dans la tentative de résolution de l'histoire. Il faut voir ce policier qui découvre les dessins de sa fille avant d'être rappelé à la tache qu'il avait fuit cinq ans au préalable. Une fin de récréation semble nous dire ici l'intrigue, la pause laisse mariné encore que plus d'effroi dans l'espace ou s'est niché le trouble que l'on tente de repoussé hors des limites imaginables. C'est d'ailleurs à cet instant que j'ai vraiment remarqué les ombres ...
La poursuite revire à l'instant du retour dans la baraque de l'indicible, ou l'on comprend ensuite tout l'enjeu de sa peur primal et de la bascule avec ces jeunes filles. Une nouvelle fois le repli est démontré lorsque la terreur se manifeste, on se calfeutre au paroxysme, on sombre dans la folie ... Il suffit de voir le visage de cette mère qui confie aux amis de sa fille les années pernicieuses qu'elles revit dans cette étrange situation qu'elle redécouvre, qui la poursuit elle aussi, par procuration.
Rika, le personnage que l'on découvre au début, achève aussi la fin de notre incursion au cœur de la maison du crime. Comme elle on comprend le monstre qui sévit, dans ce geste
qui est de vraiment voir au delà du cri. Le traumatisme passé dans ces lieux faisant écho avec le dicton du départ, de ce féminicide premier, puis de son infanticide second laisse une colère rance qui hante les murs de cette maison et perpétue à rependre la mort. Habité par le mal, celui progresse, prospère et livre tout son hallucinant arsenal en sa possession. La encore, j'insiste sur la scène du miroir, celle-ci nous dit tout et pourtant la suite continue de jalonné les détours du drame avec l'arrivée de ce corps ensanglanté, qui rampe sous une apparence à plusieurs entités. Les larmes de sang à la fin, de ce regard retrouvé, beaucoup reste donc en suspend ...
Ju-on est un grand film sur l'enfance, par plusieurs fois le film prend le partit de raconté toute son histoire par le biais de ce regard de gosse qui déambule dans le quotidien de ses victimes. Lui le messager, qui une voix ( et un chat ),qui trouve en Rika une interlocutrice en quelques sortes. Ce film est belle et bien un film horrifique, non pas pour le recours qui en est fait, mais bien pour raconté une tragédie, réelle cette fois, le recours au genre n'est là que comme accent.
Takashi Shimizu dans son avant dernier plan capte d'ailleurs le vide au travers de ce quartier abandonné, silencieux et foutraque, gris, abominable. La colère qui ressuscite et appelle vengeance, encore un trouble de temporalité ? Ou une suite
" logique " ?
Il y'a dans la dérive de ce compte horrifique bien plus à dire, à voir, et donc à retranscrire. Je salue les protagonistes ayant que ce soit derrière ou devant la caméra œuvré à rendre cela possible. Un travail d'artistes.