Les plus de 25 ans doivent peut être se rappeler de cette émission qui passait sur TF1, "Mystères", avec ses reportages sous forme de docu-fictions complètement surréalistes racontant des faits soi-disant réels sur des phénomènes paranormaux. Un épisode m'avait marqué en particulier, celui de la dame blanche, histoire du fantôme d'une autostoppeuse qui une fois ayant trouvée un conducteur sur sa route s'asseyait sur la banquette arrière avant de disparaître dans un cri, mythe effrayant que je n'ai jamais oublié, je me suis toujours demandé pourquoi personne n'avait eu l'idée de l'adapter au cinéma ...
Et bien à mon grand étonnement un duo de frenchies l'avait fait en 2002, Jean-Baptiste Andrea et Fabrice Canepa, qui pour leur premier long métrage s'appuient sur un casting US avec notamment l'excellent Ray Wise (Leland Palmer dans la série culte "Twin Peaks"), il joue le rôle de Frank, qui conduit sa famille pour le réveillon de Noël chez ses beaux parents, contrairement à ses habitudes il choisit d'emprunter un raccourci, sur cette route ils vont croiser une jeune femme avec son bébé sur le bas côté, ils décident de s'occuper d'elle, mais ce qui devait être une soirée plus ou moins joyeuse et tout à fait banale va se transformer en un véritable cauchemar.
On remarque dès les premières minutes une qualité d'écriture au niveau des dialogues, entre les parents qui s'engueulent ou le fils et ses répliques décalées, le ton est audacieusement humoristique sans tomber dans la parodie, la mise en scène et l'ambiance sont savamment dosées, juste pour nous mettre à l'aise en prenant la route avec cette famille haute en couleur. L'apparition de la "dame blanche" nous installe dans le registre épouvante et tout va s'enchaîner avec une efficacité diabolique, car grâce à cette bonne introduction le film est rendu très vite scotchant, les réalisateurs utilisent habillement le hors champ ou la simple suggestion pour nous faire ressentir l'horreur, pas de place au cliché à ce niveau là, car le film ne tombe jamais dans la facilité des effets gores, on est d'avantage dans un registre épouvante sauce 80s.
Cette route sans fin devient de plus en plus angoissante et la psychologie des personnages est mise à mal, tombant peu à peu dans la folie pure, on a encore droit à de très bons dialogues et des scènes autant horrifiques qu'étrangement loufoques, mais ça reste cohérent et extrêmement prenant. La fin révèle un twist des plus surprenant et audacieux, de plus la toute dernière séquence joue une fois encore sur ce ton décalé très années 80, les réalisateurs s'amusent clairement des codes pour notre plus grand plaisir (enfin le mien en tout cas).
"Dead End" est sans nul doute une de mes meilleures surprises niveau film d'horreur/épouvante depuis un bon moment, je ne m'attendais plus à être autant charmé par le genre, je ressens presque ce sentiment émouvant et magique des VHS de ma jeunesse. Bravo et merci au duo Andrea et Caneppa pour ce petit bijou.