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chrischambers86
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3,0
Publiée le 26 octobre 2011
Datant de 1936 et d'après la pièce d'Henry Bernstein, ce "Samson" de Maurice Tourneur dèveloppe avant tout le climat de la France d'alors! Derrière cette histoire où se profile l'ombre du mèlo, se manifeste le spectre de l'argent, symbolisè ici par la bourse qui remplace presque ètrangement le terrain du duel des amours dècouverts et des hommes mariès mais trompès, incarnè ici par un magnifique Harry Baur! En jeune femme qui èpouse sans amour ce riche banquier pour sauver sa famille de la ruine, Gaby Morlay se montre comme souvent èmouvante dès que le final approche! Un final à la "Casablanca" dans un aèroport, la nuit...dois-je partir ou dois-je rester ? Et comme le dit Suzy Prim "La vie n'est pas une aventure très propre" dans ce bon film de Maurice Tourneur prèsentè il y a peu de temps par notre ami Patrick Brion au cinèma de minuit...
Directeur des Cuivres d'Afrique et financier parvenu dont une certaine presse évoque des origines "douteuses" (entendre juives bien sûr), Jacques Brachart épouse, autant par amour que pour le nom, la demoiselle d'Andeline, d'une famille aristocratique ruinée. Le sujet de Maurice Tourneur, d'après le Henry Bernstein, est un drame conjugal et boursier, un curieux mélange des genres qui poursuit l'idée de montrer comment un spéculateur peut,spoiler: par un simple caprice, provoquer un krach . Le thème du film, à l'époque, n'est pas fait pour surprendre en considérant les nombreux scandales financiers de la Troisième République. Brachart (Harry Baur, toujours impressionnant) est-il prêt à sacrifier sa fortune par vengeance? L'intrigue conjugale et spoiler: l'adultère de Madame Brachart sont en soi très communs mais servent parfaitement, grâce à la qualité des dialogues, souvent grinçants, la démonstration et la dénonciation de l'auteur: des manigances spéculatives aux confins de l'escroquerie. Le propos est d'autant plus édifiant que la catastrophe boursière que pourrait provoquer Brachart n'a pas de cause financière. Harry Baur porte le film, à la fois en homme amoureux vindicatif et en capitaliste impitoyable.
Un curiosité que ce film de Maurice Tourneur qui ose dénoncer certains traits et comportements négatifs de ceux qui veulent obtenir ou ont le pouvoir et la puissance. On dirait un Chabrol sans la causticité, avant l'heure . Il faut se rappeler que le film est tourné en 1936, et qu'il ose dénoncer des pratiques comme: le sacrifice "consentant" des jeunes femmes de l'aristocratie désargentée obligée de se marier avec de puissants parvenus millionnaires, l'hypocrisie qui en résulte et les mœurs "libérés" qui prévalent dans ces milieux, derrière l'apparat de circonstance. A cet égard, la scène d'orgie est assez étonnante et vraiment osée pour un film de 1936 ! Mais ce qui intéresse c'est surtout les personnages et la façon dont les acteurs les incarnent, car au niveau de la mise en scène rien d'exceptionnel. Harry Baur apporte beaucoup d'humanité, d'émotion et de subtilité à un personnage antipathique, qui s'avère surtout être un homme du peuple blessé qui tient sa revanche en affichant sa réussite à une caste qui peine à l'accepter et qui le méprise secrètement. Son amour pour Gaby Morlay, réel, ne fait que renforcer sa fragilité, face à la froideur de cette dernière. Celle-ci joue bien le mépris qu'elle éprouve autant pour ce "mari" imposé que pour sa propre famille d'aristocrate désargenté. Elle fait très bien sentir qu'au fond elle n'est pas du tout faite pour ce monde d'hypocrite, dont elle partage pourtant l'orgueil, même si parfois l'amour que lui manifeste son mari la trouble... Les seconds rôles sont également bien campés par Suzy Prim - son désespoir transpire à chacun de ses dialogues - et Gabrielle Dorziat - elle en impose toujours autant en duchesse, marquise et autres riches bourgeoises -. Quant à André Luguet, l'amant éconduit, aux moeurs passablement libertine et au charme vénéneux, il me semble un peu plus fade pour ce type de rôle.