Derrière ce titre un peu cheap qui rappelle celui des bandes dessinées western des années 60 (Blek le Roc, Kiwi…) se cache un bon film du vétéran Gordon Douglas (plus de 90 films à son actif, du milieu des années 30 à la fin des années 70, dans des genres très différents, parfois réussis et parfois très alimentaires, bref, un homme de studio).
Le pitch : un fort isolé en passe d’être attaqué par des indiens en surnombre semble avoir été illustré dans de très nombreux westerns. Mais le film bénéficie d’un scénario habile développant des personnages peu communs.
Très vite, en effet, le spectateur s’aperçoit que la garnison est composée en grande partie de la lie de l’armée : entre un officier tricheur qui fait entrer, grâce à ses hommes, une jeune indienne pour l’abuser et un commandant d’origine britannique, alcoolique, qui semble vouloir mener ses troupes à la mort pour surmonter un trauma ancien en se persuadant qu’il n’est pas un lâche
et qui, de surcroît, a été émasculé au Soudan…
Une des scènes les plus surprenantes du film est celle où ce commandant dit son fait à chacun de ses officiers lors d’un dîner en l’honneur de deux dames qui ont été contraintes de se réfugier dans le fort.
Les indiens que l’on voit très peu, ne sont pas caricaturés ; ils attaquent le fort tout simplement parce qu’ils ont faim comme le montre une sobre scène en introduction.
Rod Taylor (le Chuka du titre), comme toujours un peu monolithique, « fait le boulot », une âpre et violente bagarre l’oppose à Ernst Borgnine (très bon) toujours prompt à protéger son commandant avec lequel il est lié par un lourd passé. Chuka a même l’occasion de renouer une histoire d’amour avec une des dames accueillies dans le fort sans que cette brève romance ne paraisse superflue.
Pas de grands espaces dans la mise en scène de Douglas mais beaucoup de scènes à l’intérieur du fort ou de nuit pour ajouter, sans doute au climat d’oppression. La scène finale de l’attaque du fort est efficace. Une réussite.