Hey les gars ! Si vous trouvez que votre vie de couple n’a plus sa saveur du début, et que vous voulez lui redonner un nouvel élan pour la bonne et simple raison que vous aimez toujours votre compagne, alors je vous recommande "7 ans de mariage". Mais regardez-le avec elle, histoire de lui faire passer l'air de rien un message pour susciter une prise de conscience à deux, et tant qu'à faire interceptez téléphone ou tout ce qui peut la distraire. Ceci vaut pour vous aussi mesdames vis à vis de votre homme, bien sûr. Si elle vous prétexte une migraine ou un mal au ventre (hum !), ou s'il veut s'adonner au bricolage en tout genre, ben... je suis au regret de vous dire que c'est pas gagné et ce serait bien dommage. Partant d’un fait établi, le film de Didier Bourdon met en scène un couple comme il y en a tant d’autres. Un couple qui, au fil des années passant, s’est laissé envahir par le quotidien, un quotidien synonyme de routine, avec pour conséquence une nette baisse voire même une disparition (quasi) complète de la libido. Et partant du principe qu’il n’y a pas de problèmes mais uniquement des solutions, Bourdon en propose une, une parmi tant d'autres et qui vaut ce qu'elle vaut. Dans la réalité, la solution avancée n’est pas forcément applicable à tout le monde, because éducation reçue et caractère propre à chacun. Toujours est-il que rien que pour le principe, j’approuve totalement ce film, dont le prix du DVD devrait être remboursé par la Sécurité Sociale. Ben oui, ça coûte tout de même moins cher qu’une consultation chez un sexologue ou un psy. Je ne vous cache pas que je suis assez étonné de voir une note moyenne aussi basse donnée par les allocinéens. Il faut dire que ce n’est jamais très agréable de se voir dans la glace, surtout quand le sujet est plus ou moins tabou. Certes on parle de plus en plus librement de la sexualité, mais de la sexualité en général ! Quand il s’agit de la sienne, en revanche… Ben tiens, cela n’a rien de surprenant ! Un peu d’intimité, que diable ! Sans compter qu’il n‘est jamais facile d’avouer qu’on a une sexualité misérable ou… inexistante. Alors certes "7 ans de mariage" comporte quelques maladresses, comme ces une ou deux transitions fébriles qui trahissent le fait que Bourdon ne savait pas trop comment enchaîner. Malgré tout on doit reconnaître que le cinéaste a su rester dans un récit des plus crédibles : des vidéos pornos cachées dans un ordi aux sensations honteuses à pénétrer dans un sex-shop, en passant par la difficulté à établir un dialogue constructif sur l’activité sexuelle du couple tout en établissant en sous-entendu un état des lieux sur le sujet. Et cela en mettant le doigt sur la condition sine qua none : le désir
(appelé le point D)
. C’est d’ailleurs là que réside la réalité de la chose. Celle-là et le fait que pour retrouver une activité sexuelle accomplie, il faut qu’elle soit consentie, affirmée et assumée. Mais il a su retranscrire aussi toute la difficulté liée à la résolution du problème, parce qu’il a su prendre en compte la psychologie des personnages présents. Evidemment, quand on voit Catherine Frot dans la distribution, elle qui est toujours très droite, toujours très pincée, toujours avec cette stature de bourgeoise coincée (ce qui n’est pas une critique vu qu’elle remplit très bien les rôles qu’elle occupe), on se dit que Didier Bourdon va droit dans le mur. Mais en fait, pas du tout ! Mieux, elle surprend tout le monde par ce rôle dans lequel personne ne l’attendait ! Et boududu, elle peut-être carrément sexy, excitante, d’une beauté à vous en couper le souffle et à vous en faire tomber par terre !
Pire, on l’entend pousser « le cri d’amour » si innocemment entendu par la gamine !
Alors certes, je ne dis pas que la solution exposée par Didier Bourdon est la seule et unique. Ce serait faire preuve de naïveté en croyant cela. Non, fort heureusement d’autres solutions existent, mais les quelques vérités dont j’ai parlé plus haut ne sont pas pour autant à prendre à la légère. Par ailleurs Bourdon n'a pas oublié de montrer que les limites du raisonnable peuvent être facilement franchies et que le risque d'avoir l'effet inverse de ce qu'on voulait au départ n'est jamais très loin. L’interprétation des deux acteurs vedettes sonne juste, mais évidemment ma préférence ira vers Catherine Frot, déjà pour le côté surprise, mais aussi parce qu’elle a su parler (entre autres) de la peur qui vous tétanise le corps entier. Pour sa première apparition dans un film, Gabrielle Lopes Benites interprète avec beaucoup de justesse la petite Camille, et est même touchante à souhait sur la dernière scène. Alors qu’il entre dans l’adage « c’est le cordonnier qui est le plus mal chaussé » Jacques Weber sert à merveille son personnage par son charisme. On a ensuite une multitude de personnages secondaires, qu’on pourrait considérer comme inutiles concernant la plupart d’entre eux. Je ne suis pas d’accord, car ils servent à compléter par petites touches la psychologie des personnages principaux, en particulier celui d’Audrey. Donc oui, en dépit de quelques petites maladresses, c’est un film maîtrisé, et qui fait rire en plus. Encore faut-il être capable d’autodérision… surtout sur un sujet aussi sensible. Bon, j’admets qu’on ne rira pas franchement à gorge déployée, et je pense sincèrement que ce n’était pas le but visé afin de ne pas décrédibiliser le propos. Mais il y aura bien quelques petits éclats de ci de là et c'est très bien ainsi.