Suite au succès critique et public de l'Exorciste en 1973, une série de films "de possession" voit le jour, majoritairement issus du cinéma italien. Les sous-Exorciste sont nombreux dans les années 1970 et l'Antéchrist n'échappe hélas pas à la règle.
Le réalisateur ne se cache pas d'avoir été influencé par le film de Friedkin ni de son intention de vouloir surfer sur son succès. Il va jusqu'à plagier de nombreuses éléments (vomi verdâtre, ouverture avec titre en rouge, apparition du prêtre dans l'ombre, lévitation, la profanation d'église). Le film ne brille pas non plus par ses effets spéciaux qui ont mal vieillis. Mais le pire dans tout ça est que les auteurs de l'Antéchrist sont passé totalement à côté de ce qui faisait de l'Exorciste un film littéralement terrifiant. Ils n'ont pas réussi à retrouver la subtilité, le traitement intelligent et réaliste de la peur et le double fond qu'avait l'Exorciste.
Mais pourtant, malgré ses défauts, l'Antéchrist arrive à se défendre et à être intéressant. Bien qu'il plagie le film de Friedkin, il s'en démarque en même temps sur certains aspects. Par exemple, la famille de la possédée n'est ainsi plus une famille américaine lambda, mais une famille issue de la noblesse. La possédée n'est plus une fillette, mais une jeune femme adulte paralysée, développant des relations ambiguës avec son père et son frère. Surtout, le film apporte un double enjeu : délivrer la possédée mais aussi empêcher la naissance de l'Antéchrist (d'où le titre du film) que compte engendrer le Diable. Le scénario est donc relativement bien écrit et la mise en scène, quoique daté, possède des fulgurances. Certaines scènes sont esthétiquement réussies comme la scène du Sabbat satanique. Au casting, on retrouve le grand Mel Ferrer (Guerre et Paix, Scaramouche), mais également Alida Valli (Suspiria), Anita Strindberg (Le Venin de la Peur).
Donc pour résumer, l'Antéchrist est un sous-Exorciste, mais un sous-Exorciste appréciable et sans doute le meilleur. Il y a du plagiat, mais également de l'originalité. Bien que souffrant de la comparaison avec son modèle, il réunit suffisamment de qualités pour échapper à cette réputation imméritée d'ignoble nanar post-L'Exorciste. Un film imparfait, mais intéressant, à découvrir, surtout pour les amateurs du cinéma bis italien.