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weihnachtsmann
1 133 abonnés
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3,0
Publiée le 11 septembre 2018
« Les mots que tu ne m’as pas dit ». C’est vrai que l’absence de mots peut même dire davantage qu’une avalanche de discours. C’est théâtral, sobre et en même temps d’une sincérité et d’une délicatesse sur la façon de s’exprimer et le ressenti des choses.
Quel film étonnant ! Alors qu'au départ, la conversation semble languir, comme si le personnage que joue Dussolier n'allait jamais avouer ce qui le gênait, l'évènement qui a déclenché cette rancœur refait finalement surface. S'il semble au départ totalement insignifiant, il enfle, prend de l'envergure : une toute petite phrase qui se transforme peu à peu en une interprétation de toute une vie... Alors que Dussolier semble d'abord le seul à accuser tandis que Trintignant tente de comprendre, les rôles s'équilibrent peu à peu. La fin, sans donner de réponse claire, sans définir le future, photographie en quelque sorte le tranchant d'une pièce qui aurait été jetée en l'air : pile... ou face... ? Si la pièce est absolument magnifique, les deux acteurs qui la porte lui donne ici toute sa valeur. Jean-Louis Trintignant et André Dussolier, tous deux avec leur voix grave s'animent tout au long de la pièce. Tous deux sont réellement impressionnant de sincérité...
Excellente adaptation d'une pièce qui l'est au moins tout autant. Le jeu des acteurs est sobre, puissant, tout en restant neutre, comme l'avait alors voulu Nathalie Sarraute. Hommage spécial à Jean-Louis Trintignant et à sa voix si particulière, si mélodieuse qui gratifie malgré tout H1 d'un petit côté artiste... Magnifique fin également, très ouverte elle permet une sorte de relecture du texte original sans a priori ni déformation.
Les dialogues de Sarraute sont souvent critiqués, jugés artificieux et abstraits. Dussollier et Trintignant font un très bel effort pour gommer ce travers, et presque toute la pièce paraît couler de source, même si régulièrement on entend l'auteur opérer les glissements qui l'arrangent.
Malgré quelques défauts, cette pièce reste importante et utile, prise de conscience pour les uns, repoussoir pour les autres, et jalon indispensable de la "littérature du soupçon". à voir et revoir.