Quoique le film soit connu comme un film catastrophe avant la lettre, c'est avant tout un film sur une ville, à travers quelques personnages typiques. La chanson "San Francisco", entonnée par Jeannette Mc Donald à plusieurs moment clé du film, en est l'illustration. Il est étonnant qu'à l'époque on ait développé une telle intrigue sentimentale, politique, et même morale (le prêtre interprété par Spencer Tracy), et que l'on ne consacre qu'au "clou" du film, le tremblement de terre et l'incendie qui en résulta, que les 20 minutes finales. Mais ces 20 minutes sont saisissantes, réalistes, terrifiantes, et touchantes. Van Dyke, qui tourna des films exotiques dans la veine de Flaherty, a un sens très sûr du montage et c'est ce qui explique le caractère saisissant de la minute trente que dure le séisme. Parmi les interprètes, Jeannette Mc Donald se détache facilement, grâce à de très beaux numéros chantés, et notamment le dernier, bouleversant, auprès de victimes du séisme. Les relations entre Gable et Jack Holt sont assez convenues, et le point faible est à mon avis le personnage interprété par Spencer Tracy, un prêtre de cinéma sensé représenter la "conscience" du patron de cabaret peu scrupuleux interprété par Gable. La censure n'ayant pas apprécié que ce dernier donne un coup de poing au prêtre dans une scène du film, les scénaristes ont improvisé une autre scène, qui apparaît plus tôt dans le film, au cours de laquelle les deux lascards se battent sur un ring et c'est le prêtre qui apparait le plus fort. Tout cela pour laisser entendre que le prêtre aurait pu répondre au coup de poing mais ne l'a pas fait par conviction religieuse. Combien de films la censure a t'elle ainsi modifiés, gratifiés de scènes inutiles ? Malgré ces conventions, le film représente bien l'apogée du système des studios hollywoodiens, sachant alier effets spéciaux, distribution étincelante, et scénario revu et corrigé par une horde de scénaristes. Ce fût un énorme succés commercial.