La Malle de Singapour est une petite comédie exotique des années 1930 qui pour ma part n’est pas un chef-d’œuvre et vaut surtout pour son casting, ses dialogues et quelques scènes spectaculaires pour l’époque. Le métrage est clairement emporté par le jeu extrêmement nerveux de Jean Harlow, excellente en jeune femme qui tchatche, n’a pas beaucoup d’éducation, s’avère parfois casse-pied mais n’est pas détestable car on devine qu’elle n’a pas eu beaucoup de chance dans la vie. Pour ma part je l’ai trouvé parfaite dans ce personnage, où elle s’impose de mon point de vue clairement plus par son jeu que son physique. Gable est bon dans son rôle, il l’endosse avec talent mais ne fait pas non plus plus d’étincelle que ça. Le personnage est taillé sur mesure pour lui et il s’y glisse avec son charisme et son aisance ordinaire. Autour de ce duo, beaucoup de figures du temps, héritant de personnages plus subtils qu’il n’y paraît, notamment Wallace Beery. Il y a beaucoup de protagonistes et le film est bavard, trop souvent, et le métrage est long à se mettre en place. Pour tout dire, il n’a pas vraiment d’intrigue, de rebondissements, hormis dans sa première partie un chassé-croisé amoureux souvent mesquin et moqueur qui, pour nous réserver des punchlines sympas, reste assez redondant et mineur comme trame narrative. En effet, le film a de solides dialogues, souvent drôles et caustiques, mais une intrigue très mince, pour ne pas dire inexistante. Il en ressort un film assez théâtral où l’on attend un début d’intrigue mais qui ne viendra en fait pas. Dommage ! Heureusement un peu d’action arrive dans la seconde partie du film et permet d’aller jusqu’au bout sans trop s’ennuyer, mais le film dure 85 mn et quand même, on les sent passer.
Visuellement, le film est propre. Le réalisateur est un bon artisan. Pas de génie, mais bénéficiant visiblement d’un certain budget, il offre une scène de tempête très réussie, une séquence un peu longue avec un rouleau compresseur qui a toutefois une vraie efficacité visuelle, un autre avec un piano du même acabit, et la caméra est souvent en mouvement, elle défile, elle fait quelques travelling, on imagine que c’était audacieux dans les années 1930. Le film est difficilement critiquable sur la forme même si le côté huis-clos du bateau rend parfois le film théâtral bien sûr.
Ma conclusion est que La Malle de Singapour est une comédie qui emporte le morceau grâce à ses dialogues et au bagout des acteurs qui les déclament. Souvent piquant, il y a des moments qui font mouche et étonnent par leur modernité. Propre visuellement, il ne faut pas nier cependant que l’absence réelle d’histoire, les lenteurs assez nombreuses et les redondances n’en font pas un des morceaux les plus mémorables du cinéma de cette époque. 3