Damned ! Voilà qu'un cinéaste belge se prend pour le nouveau Cronenberg, voire le nouveau De Palma. Dans l'absolu, pourquoi pas, il y a bien pire comme références et en tant que grand amateur de ces deux maîtres, je n'ai rien contre cette idée. Encore aurait-il fallu plus, beaucoup plus de talent pour arriver à quelque chose. Pourtant je n'en veux presque pas à Harry Cleven : au moins ce dernier a tenté quelque chose, y a mis du cœur, de l'énergie... Ce qui est loin d'être le cas de tous les cinéastes. Reste que le résultat laisse donc franchement dubitatif. On voit bien que le réalisateur a cherché à créer une atmosphère, un climat malsain, angoissant, et à de rares instants, ce dernier atteint son but, réussissant, ne serait-ce que quelques secondes, à nous mettre mal à l'aise. M'enfin... Ces moments sont tellement dispersés au milieu de grandiloquence et de dialogues sans intérêt qu'on n'y fait hélas presque pas attention, l'œuvre s'avérant mine de rien chargée en clichés. Le traumatisme de l'enfance, les apparences trompeuses, un couple en crise,... Si ces thèmes ont parfois été magnifiquement traités, ils sont ici tous développés au rabais, l'esthétique choisie par Cleven s'avérant en définitive aussi peu convaincante que lourde, à l'image d'un scénario se voulant surprenant mais dont on devine quasiment tout, à commencer par le présumé « stupéfiant » coup de théâtre final. Il y en a même un second, qui, lui, aurait pu être intéressant et ambigu s'il n'était pas aussi incohérent avec tout ce qui s'était passé auparavant. Reste une curieuse prestation de Benoît Magimel, beaucoup plus convaincant en jumeau diabolique qu'en père de famille dépassé par les événements... Bien tenté donc, mais il n'y a hélas pas grand-chose à sauver de cette série B à mi-chemin entre « Faux-semblants » et « Pulsions », l'intelligence et la qualité en moins.