Encore une fois, chaque dessins de Miyazaki est simplement rempli de poésie, capable de créer un univers touchant et beau de la première à la dernière seconde, avec un sens du détail insolant. On soulignera d'ailleurs en première instant ces dessins magnifiques, aux couleurs savamment bien choisis; on retrouve par ailleurs, et plus les films s'enchainent, une vraie patte Miyazaki comme avec Sofi l'héroïne qui ressemble à s'y méprendre à Yubaba du Voyage de Chihiro ou encore les garde de la magicienne Sullivan qui évoque les spectres de ce même film. Les personnages sont eux aussi géniaux dans leurs caractères et leurs complexités, ainsi on se fait souvent avoir sur nos premières impressions : tel personnage qui nous parait malsain s'avèrera très troublé et seul, tel autre narcissique n'agira en réalité que pour des motivations altruistes... Une nouvelle fois l'ensemble de ces personnages nous paraissent étranges et surréalistes mais à chaque fois hautement symbolique, chacun portant un message différends des autres : de l'acceptation de la vieillesse, des avantages qu'on en tire notamment la sagesse, des ravages du mépris, ou bien alors de la vanité, c'est complet. Pour autant, je ne dirais pas que je suis autant emballé que pour Princesse Mononoké ou Le Voyage de Chihiro. Pour une raison simple : Miyazaki, qui nous a pondu un film qui peut paraître déjà assez long (2h) n'a sans doute pas voulu exploiter beaucoup de filons qu'il à lancé lui même. Double problème : souvent on est un peu perdu dans un scénario qui part un peu en sucette, et surtout on a l'impression qu'il manque beaucoup d'éléments pour que l'histoire soit complète. Alors qu'on arrive à peu près à piger le topo de base - une jeune fille ensorcelé rencontre une pléiade de guignols pas mieux lotis qu'elle, et qui vont tous vivre ensemble, s'aimer et vivre des aventures dans un château ambulant magique -, on est complètement largué surtout à la fin (qui est un peu torchée, au contraire de la qualité dans les détails du reste du film) quand l'héroïne retourne dans le passé, ou encore les relations compliqués entre une magicienne et son ancien disciple, on ne suit plus très bien et surtout on ne voit pas trop l’intérêt. Le dernier gâchis, et le plus gros sans doute, est de ne pas avoir assez exploité le fond sur la guerre entre deux royaumes, qui amenait pourtant des prémices de réflexions très intéressantes sur l'humanité, mais c'est assez vite occulté malgré que cela soit toujours présent. Pour autant d'un certain côté, dans Le Chateau Ambulant on y gagne car l'incompréhension général se traduit fort heureusement par un ressenti et une symbolique très forte, touchant un peu à ce qu'on peut voir dans le cinéma filmé avec du Lynchien genre Mulholland Drive par exemple. Mais cela n'a pas la virtuosité du précédent Princesse Mononoké qui avait réussi à concilier parfaitement symbolique forte et scénario très cohérent. Mais je ne m'y méprendrai pas, Le Chateau Ambulant ne me fera pas changer d'avis sur Miyazaki qui reste pour le moment sur un parcours sans fausse note, ce film étant une nouvelle fois capable de nous émerveiller comme de rares dessins animés en sont capables.