Bashu, le petit étranger est produit par l'Institut pour le développement intellectuel des enfants et des jeunes adultes. Fondé en 1965 par la femme du Chah d'Iran, cet organisme a beaucoup fait pour le développement du septième art dans le pays, produisant de nombreux films pour enfants. D'abord créé afin de publier des livres, il ouvre un département cinéma en 1970, à but non-lucratif. Abbas Kiarostami y réalise son premier court-métrage, intitulé Le Pain et la Rue. L'Institut permet ensuite la naissance d'un festival international pour les enfants en Iran puis produit, après la Révolution, des films bénéficiant d'une sortie commerciale comme Ou est la maison de mon ami? d'Abbas Kiarostami, Le Coureur d'Amir Naderi ou encore le film d'animation Contes persans.
Le long-métrage Bashu, le petit étranger comporte de nombreux non-dits. L'action se déroulant en Iran et le film étant originellement sorti en salles en 1985, le public était à l'époque supposé être suffisament au fait de la réalité de son pays. Il n'y a ainsi aucune explication sur la guerre qui secoue le pays dans le film : chacun savait qu'il s'agissait de celui opposant l'Iran et l'Irak.
Pour l'historien Mamad Haghighat, auteur du livre L'Histoire du cinéma iranien, 1900-1999 (Editions Centre Georges Pompidou), Bashu, le petit étranger est l'un des premiers films à avoir critiqué la guerre. Il déclare : "A l'époque, un film ne devait pas critiquer les conséquences négatives de la guerre contre l'Irak. Mais Bashu, le petit étranger montre que le mari de Naïe, allé à la ville chercher du travail puis parti à la guerre comme soldat, revient avec une main coupée : ça, c'est une sorte de critique vis à vis de la guerre. C'est un des premiers films à avoir critiqué la guerre. Il est resté interdit trois ou quatre ans sans sortir en Iran, et n'est sorti principalement qu'en France."