Bien que Richard Linklater soit un réalisateur très prolifique, ce film sorti en 2001 et plutôt confidentiel malgré son casting, est pourtant le premier que je vois de sa filmographie ! En effet, je connais des titres mais je n'ai jamais pris le temps de vraiment me pencher sur la question et d'ailleurs, la découverte de ce film tient simplement du fait que je voulais voir un film avec Uma Thurman, c'est dire. Parce-que oui, sinon, deux mecs qui parlent pendant une heure vingt dans une chambre de motel lugubre, c'est pas franchement vendeur. Et c'est pourtant le parti pris du film en adaptant la pièce de théâtre de Stephen Belber en étant le plus minimaliste possible, à l'instar du matériau de base finalement. Eh oui car en plus de ça, le film est filmé avec une caméra de qualité discutable, donnant alors au film ce caractère très amateur (j'ai d'ailleurs cru pendant un bon moment que c'était le premier film d'un jeune réalisateur). Non ici, si le décor n'a pas vraiment d'importance, ce sont les personnages qui rythment le film et surtout qui habitent l'espace en exprimant notamment beaucoup de choses avec leur corporalité. Par exemple, nous avons d'un côté Vince, dealer de drogue et immature venant de perdre sa copine car il serait trop instable et violent, qui gesticule dans tous les sens, qui prend des poses surjouées, rappelant le comportement d'un adolescent turbulent. De l'autre, nous avons Jon, qui a a travaillé dur pour réaliser son premier film, qui essaye de tirer un trait sur son passé, qui bouge le moins possible dans la pièce ou qui adopte en tout cas la posture d'un "adulte responsable". Ainsi, on cerne vite la personnalité de ces deux anciens amis et leur conversation a priori bateau n'en devient alors que plus intéressante. Car oui, nous allons découvrir quelques secrets sur nos personnages et notamment
Jon qui aurait violé Amy, l'ex-petite amie de Vince. Le film n'en devient alors que plus intéressant lorsqu'Amy débarque sur la scène et fait comprendre à Jon que ce n'était pas un viol et à Vince qu'elle a couché avec lui délibérément. C'est alors un choc pour les deux garçons qui pensaient avoir le contrôle de la situation : Vince se rassurait en se disant qu'elle avait été violée par son meilleur ami (ce qui est plus acceptable pour lui que de penser qu'elle aurait préférée coucher avec un autre plutôt qu'avec lui) et Jon perd alors cette sorte de souvenir fantasmé ; ses excuses purement égoïstes (le rendant surtout supérieur à son ami Vince, incapable d'évoluer depuis le lycée) n'ayant alors plus aucun sens. Voilà tout ce que le film peut raconter rien qu'avec des dialogues.
Et c'est certes très intéressant, seulement "Tape" se montre quelques-fois un peu répétitif (notamment dans les dialogues : "Why", "When", "How") et puis surtout peine à captiver l'attention du spectateur sur toute sa durée, malgré le jeu excellent des acteurs.