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jroux86
7 abonnés
46 critiques
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4,5
Publiée le 10 juillet 2022
Il y a toujours quelque chose entre Tomek et la femme qu’il épie, qu’il aime en cachette : le parc de la cité HLM où ils occupent deux différents immeubles, la vitre du bureau de poste où il travaille, la vieille dame qui l’héberge, l’âge aussi. En usant de différents moyens pour réduire ou allonger la distance qui les sépare, Kieslowski rappelle à quel point le cinéma est cet art de l’intervalle ; et comme il appartient à Tomek comme au cinéaste de commander son désir de voir – et de montrer pour le second nommé. Le final, sublime, est à ce titre évocateur : il est une émouvante passerelle entre la pulsion scopique du personnage principal et celle du cinéaste. Avec le talent de mise en scène qu’on lui connaît, Kieslowski (et son fidèle scénariste Piesiewicz) va même jusqu’à franchir la ligne entre le regardeur et le regardé puisque Magda va découvrir qu’elle est observée et en jouer, installant entre elle et Tomek un rapport trouble qui ne cède jamais à la vulgarité du simple voyeurisme. N’oublions pas la superbe musique de Preisner, discrète et s’inspirant de la guitare espagnole, soulignant subtilement le mystère qui entoure cette brève histoire d’amour.
Un modeste postier de 19 ans, ancien enfant adopté, hypersensible, vierge, naïf et solitaire, a depuis un an adapté son travail, ses loisirs et son emploi du temps à l’observation au télescope d’une voisine logeant dans l’immeuble d’en face, jolie femme mûre aux mœurs plutôt libertines. Eperdument amoureux d’elle, il aborde enfin celle qui se révèle distante, volage, un tantinet exhibitionniste, ombrageuse et à l’amour désabusé. De cette rencontre émergeront offenses et malaises, malentendus dramatiques, une situation où seule la beauté humaine pourrait conditionner une gracieuse évolution commune. Fidèle à son style de comédie intime et tout en pudeur (amateurs d’érotisme, passez votre chemin), Krzysztof Kieslowski nous offre ce petit drame humain et intemporel, dont les 20 ans d’ancienneté n’ont aucune incidence. Les silences, les présences et les comportements, plus lumineux que tous les discours, façonnent ce vaudeville psychologique et non moins romantique en nous touchant par sa re-découverte du bon sens et de l’amour.
Un film touchant avec cette histoire d'amour qui change de point de vue en cours de route... En arrière plan, la Pologne des années 80 sur fond de classe très moyenne et de précarité sociale. Les excellents débuts de Kieslowski.
Brève histoire d'amour aborde comme thème le voyeurisme puisqu'un jeune homme de 19 ans, timide et emprunté, observe chaque soir sa voisine de 30 ans en train, le plus souvent, de faire l'amour avec un amant de passage. Kieslowski filme ce que le personnage observe, de ce fait, on devient à notre insu voyeur aussi. Le titre est en partie faux. L'histoire d'amour n'est pas brève, Tomek avoue aimer cette femme depuis un an déjà mais se heurte auxquels tous les garçons sont confrontés : comment avouer ses sentiments ? En cela l'histoire devient cruelle. Loin de le repousser vertement, Magda se moquera de ses sentiments allant même jusqu'à l'humilier. Finalement s'apercevant de son erreur car il était le seul à l'avoir aimé et respecté, les rôles s'inversent et c'est elle qui se mettra à courir derrière le garçon. Jeux de miroirs, la jumelle omniprésente fait office de troisième personnage, ne servant pas seulement à voir mais aussi à se projeter leurs propres volontés. On peut raconter une histoire d'amour, sur le désir avec une tension érotique présente jusqu'au bout, tout ça sans jamais tomber dans l'explicite, tout reste pudique, en surface, suggeré. Kieslowski n'est pas n'importe qui non plus.
Une belle et triste histoire d'amour. Ce qui est beau, c'est aussi la façon dont le jeune s'approche d'elle avec des sentiments purs et la manière dont elle va s'en rendre compte. Il y aura eu entre temps cette tragédie. Elle a déjà été déçue par les hommes et cette carapace qu'elle refuse d'enlever lui donne une fierté que l'autre transperce avec sa jeunesse. Une fin très belle aussi avec les regrets ou si l'on veut, le pardon. Tout cela au travers de la lunette encore une fois.
Version ciné de l’épisode 6 du décalogue, un drame sentimental fascinant sur l’impossible rencontre entre deux solitudes dans la Pologne terne des années soviétiques, un garçon qui découvre l'amour et une femme qui a cessé d'y croire, portée par deux acteurs simplement sublimes, et bercée par la BO lancinante de Preisner.
Un sans-faute : mise en scène, montage, direction d’acteurs, scénario, musique, rythme, tout est parfait dans ce film délicat, pudique et romantique à peu de moyens. Un joyau.
Drame sombre et poétique à la fois, les interprètes montrent leurs talents avec leurs silences, regards, figures... C'est un film qui laisse perplexe, voire qui met sous tension le spectateur, par ce partage du voyeurisme expressif du protagoniste. Il y a aussi un aspect assez malaisant sur l'acceptation et le jeu de celle qui découvre et reçoit ouvertement ce regard, qui n'est point pervers mais simple. Enfin, l'amour a multiples facettes, et pas de réelle explication, c'est ce que laisse sous-entendre la fin mais aussi le personnage de la mère, un peu dans le déni. Un film intelligent et à ne pas rater.