Sébastien Lifshitz nous livre ici une oeuvre poignante, dure, d'une grande simplicité qui prend aux tripes en dévoilant une réalité dramatique, pourtant vécue par tant de gens : la solitude. Wild Side n'est ni une démonstration de la transsexualité et de la vie qui s'en associe, ce n'est ni un film sur l'homosexualité, la dérive ou la dépravation, Wild Side est bien un film sur la solitude. Une solitude vécue et ressentie différemment par tout à chacun. Ici, il s'agit de montrer à quel point les moeurs bien pensantes et le profil du parfait citoyen peuvent peser sur la vie de gens différents. Et au final, qui n'est pas différent à sa manière ? Au delà des difficultés de survie (et non de vie) de ces trois personnages, au delà de leurs contraintes, ils essayent pour autant de se sauver avec l'amour. Oui un amour partagé, mais ce triangle amoureux entre cette transsexuelle, ce pauvre émigré russe et ce petit maghrébin est la seule chose qui les maintient en vie. Un amour véritable, sincère et touchant nous est présenté, dans sa plus grande sobriété. Wild Side est beau, l'esthétique est magnifique, car les plans et la photographie sont très réussis, mais il demeure profondément modeste, n'ayant que pour but de montrer comment ils évoluent et survivent malgré tout dans leur vie marginale. On souffre avec eux de leur situation, de leur malheur, en se rendant compte que la chose qui les maintient en vie est leur lien extrêmement fort qu'ils partagent tous les trois. Bien que le film soit parfois un peu décousu, où l'on aura parfois du mal à distinguer flash-backs et réalité, le film est tout simplement admirable, présenté presque comme un documentaire, où l'on suit ces trois personnages dans leur quotidien. Un oeuvre magistrale, qui démontrent une réalité à la fois triste et révoltante, mais qui donne aussi une belle leçon de vie pour beaucoup de points de vue. La fin est brutale, mais à l'image de la beauté du message transmis. Chapeau bas.