Un film que j’aurais aimé aimer… Franchement, tout était réuni pour faire quelque chose de bon, mais malheureusement le résultat n’est pas à la hauteur des espérances.
Pour commencer, il convient de parler du réalisateur (et coupable), le très brillant Mathieu Kassovitz. A mes yeux, il fait parti des tous meilleurs, mais il faut clairement reconnaitre que sa carrière américaine est nettement moins concluante que ses débuts en France. Autant quand il fait le choix de réaliser des films engagés, de dénoncer, qu’il veut faire passer un message avec ses tripes, le résultat est excellent (La haine, Assassin), autant quand il s’embourbe dans des films à la sauce hollywoodienne, on n’est déçu et on a l’impression qu’il perd toute sa maestria et sa créativité (Gothika). Ici, le constat est le même, tant au niveau du scénario que de la mise en scène, il y a beaucoup trop d’approximations. Pourtant, l’idée de départ était bonne, l’intrigue tenant la route et étant bien amenée, mais rapidement on constate les limites du film, truffé de clichés et d’incohérences, manquant d’explications et usant de raccourcis très hasardeux. Même les scènes d’action n’arrivent pas réellement à convaincre, certainement parce qu’elles sont mal filmées et n’offrent pas la puissance et l’intensité nécessaires.
Ensuite, vient le casting…une sorte de grand n’importe quoi où se mélangent le très bon et le très mauvais. Si Vin Diesel est impressionnant et plutôt convaincant (en même temps je l’aime bien moi, Vin…), nos petits frenchies sont très mal exploités : Depardieu, Rampling et Wilson ne servent à rien, à part à montrer les qualités des maquilleurs ! Pour sa part, Mélanie Thierry est bien choisie, à la fois belle et vulnérable, son interprétation est cohérente…ce qui n’est pas le cas des nombreux potes de Kassovitz à qui il a voulu offrir un rôle (et qui, en plus de jouer souvent mal, sont inutiles). On a même droit à un combat de Jérome Le Banner dans une cage, aucun intérêt pour l’intrigue, mais joli coup commercial pour plaire au public visé (non, non, ce n’est pas du marketing !!).
Mais, le pire reste ce doublage français de Vin Diesel, absolument infâme, à tel point qu’on a du mal à se concentrer sur autre chose…Du coup, Vin devient un mix entre le rappeur à grosse voix façon Booba ou Sefyu et la racaille de banlieue ultra stéréotypée à l’accent improbable. Le pire doublage de tous les temps…
Tous ces éléments font que Babylon AD n’est pas une réussite, c’est franchement dommage et énervant quand on voit le rendu des décors, la qualité visuelle et l’ambiance sombre et gothique de la ville futuriste, le postulat de départ du scénario, la présence au générique de poids lourds, un réalisateur reconnu, des moyens suffisants… Bref Babylon AD est une énigme, et surtout une déception pour moi ! Frustrant...
Auteur du livre "Guide de Survie du Cinéphile Amateur" (sortie janvier 2019)