Sexe, mensonge et vidéo est un film qui a reçu la palme d’or, et je me demande bien comment c’est possible une telle chose. Bon, non, ça ne me surprend pas, ça confirme que la qualité d’un film ne se mesure pas à la longueur de son palmarès.
Voilà un métrage très mauvais. Je ne vois pas ce qu’on peut sauver dans ce film, si ce n’est quelques prestations d’acteurs. Pas tous encore, mais il faut avouer que Peter Gallagher et encore davantage Laura San Giacomo parviennent un peu à donner du volume à leurs personnages, et surtout à mettre un peu de vie dans ce film terne au possible. James Spader et Andie McDowell sont ici franchement absents. Pas expressifs, mous (surtout Spader), dotés de personnages sans vrai relief, ils traversent le film mollement, débitant leurs dialogues fades. C’est franchement lourd, pompeux, et pour tout dire médiocre. Rien ne vie, rien ne vibre, même les confessions sexuelles ont le piment d’une endive pas fraiche.
L’interprétation est donc très aléatoire, mais l’histoire est mauvaise comme la peste. C’est d’une lenteur incroyable. Il ne se passe rien dans ce métrage, et ce quatuor de personnages est inintéressant au possible. Des dialogues lourds entrecoupés de silences qui n’en finissent plus, c’est la platitude incarnée. Parait-il, le scénario a été écrit en une semaine, et pour tout dire, en voyant un tel résultat, cela ne m’étonne guère. Soderbergh a un concept, et il essaye de le faire tenir tant bien que mal sur 1 heure 35. Mais non, c’est plus passionnant de compter des petits pois, et peut-être tout aussi utile. Le réalisateur ne semble pas savoir où aller, et il y a des dialogues franchement abscons qui le confirment.
Quant à la forme je ne vois pas ce qu’on peut dire. Le film tourne autour d’intérieurs sans saveur (Spader le dit lui-même d’ailleurs). Couleurs ternes, décors ternes, mise en scène terne (le premier grand échange entre McDowell et Spader est une catastrophe niveau réalisation, deux pauvres plans fixes qui alternent), Sexe, mensonge et vidéo est un premier film certes, et on peut être relativement indulgent sur certaines choses, mais il ne faut pas pousser. C’est quasiment du théâtre filmé tant Soderbergh semble se désintéresser de toute recherche dans sa réalisation. Le seul bon petit point que je saluerai, c’est la musique. Très sobre, mais qui parvient tout de même en de rares occasions à susciter un semblant d’ambiance.
Sexe, mensonge et vidéo est franchement un métrage très peu marquant, dont on se demande comment il a pu intéresser qui que ce soit. Creux, abscons, auteurisant dans le mauvais sens du terme, il ne reste pour sauver l’ensemble du naufrage absolu, Gallagher et Giacomo, et une bande son. C’est bien peu. 1