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    Il était une fois l'Amérique : Hospital
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    🎬 RENGER 📼
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    6 884 abonnés 7 414 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 3 novembre 2021
    Après la prison pour aliénés criminels (Titicut Follies - 1967) et avant l’unité de soins intensifs (Near Death - 1989), tous deux situés dans le Massachusetts, le documentariste Frederick Wiseman s’était intéressé à un grand hôpital urbain, celui du Metropolitan Hospital de New York.

    Une immersion dans le quotidien d’un grand hôpital, entre les urgences, les petits bobos ou les traumas psychologiques, il y en a pour tous les goûts et toutes les couleurs (sans les odeurs fort heureusement, comprendront ceux qui l’ont vu). D’une durée de 85 minutes, Wiseman film tout et donne parfois l’impression de mettre en lumière un chaos généralisé et ordonné à la fois. D’une opération à cœur ouvert en passant par un pauvre type lardé de coups de couteaux, du jeune étudiant aux Beaux-Arts totalement stone après s’être pris un acide (qu’il régurgitera à grand coups de geysers vomitifs), en passant par des échanges touchants entre un prostitué homo et un psychiatre, sans oublier le cours de dissection sur un cerveau.

    Hospital (1970) nous offre de multiples portraits, tous très différents et certains parfois touchants, comme cette femme sourde qui ne peut être prise en charge par une mutuelle car diabétique ou cet homme qui évoque à demi-mot ses problèmes intimes face à une infirmière. Le réalisateur parvient à mettre en lumière l’efficacité du personnel soignant, leur professionnalisme et leur sang-froid, face à des situations ou des patients pas faciles à gérer ou à appréhender. Ce film nous donne l’occasion de découvrir (sans le moindre voyeurisme) une toute autre facette de l’Amérique.

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    Yves G.
    Yves G.

    1 408 abonnés 3 428 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 18 septembre 2024
    À l’occasion de la rétrospective intégrale programmée au Centre Pompidou de l’ensemble de ses films, Meteor Films, son distributeur en France, ressortent en salles trois de ses documentaires réalisés en noir et blanc au tout début de sa carrière, au tournant des années soixante et soixante-dix. Frederick Wiseman y entame son immense radioscopie des institutions américaines : après un hôpital psychiatrique ("Titicut Folies") et un lycée ("High School"), Frederick Wiseman pose sa caméra dans une brigade de police du Missouri ("Law and Order"), un grand hôpital new-yorkais ("Hospital"), un tribunal pour mineurs du Tennessee ("Juvenile Court").

    Les règles de la grammaire qui régira toute son oeuvre sont déjà posées : des documentaires-vérité, tournés avec une équipe minimale (un cadreur et Wiseman lui-même qui se charge de la prise de son), des heures de rushes, aucun carton explicatif, aucune voix off pour contextualiser et expliquer des images qui parlent d’elles-mêmes grâce à un énorme travail de découpage et de montage.

    Hier soir, une conférence-débat était organisée au MK2 Beaubourg devant une salle comble, appâtée par la présence du réalisateur. Hélas, Frederick Wiseman, affaibli par le grand âge (il aura quatre-vingt-quinze ans le 1er janvier) a dû se décommander. Le débat, animé par Hervé Brusini, n’en a pas moins été passionnant. Y participaient Charlotte Garçon des "Cahiers du cinéma", la sociologue Nadège Vézinat dont sort aujourd’hui en librairie "Le Service public" empêché et le documentariste Jean-Xavier Lestrade ("Un coupable idéal", "Laëtitia") qui a adressé aux films de Wiseman le plus juste des compliments : « ils nous rendent plus intelligents ».

    Je pensais avoir vu les meilleurs documentaires de Wiseman et plaçais tout en haut "Welfare" sur les déshérités qui affluent dans un centre d’assistance sociale à New York. Mais "Hospital" m’a plus enthousiasmé encore au point que c’est lui que je conseillerais à qui n’aurait jamais vu de documentaire de Wiseman.

    On y découvre, de l’intérieur, le fonctionnement d’un grand service public. On y découvre ses employés dévoués mais débordés et ses usagers qui ne demandent qu’une chose : qu’on leur manifeste un peu d’humanité. Les scènes, captées sur le vif, se succèdent dans un tempo qui ne languit jamais. On y voit un gamin en larmes abandonné à lui-même pour lequel les infirmières cherchent désespérément un lit, un travesti pris en charge par un psychiatre qui essaie sans succès d’en confier le soin à l’assistance sociale qui n’en veut pas, une femme âgée, intubée, qui manque de mourir d’un grave œdème pulmonaire, veillée par un prêtre en soutane…

    "Hospital" ressemble à la vie. On y traverse toute une gamme d’émotions. On est ému aux larmes du corps squelettique d’un malade, dont on pressent la fin prochaine, silencieusement ausculté par un médecin. On rit à gorge déployée devant un jeune beatnik sous emprise vomissant tripes et boyaux en plein bad trip. Le film dure 1h24 et on est frustré qu’il se termine si vite – Wiseman aura entendu notre frustration dont les films suivants seront beaucoup plus longs au point de friser l’overdose.

    Jean-Xavier de Lestrade a encore raison en citant les deux réalisateurs qui ont influencé son travail et celui de tous les documentaristes français : Wiseman et Depardon. D’ailleurs "Hospital" rappelle "Urgences" de Depardon, tourné à l’Hôtel-Dieu de Paris avec le même dispositif une vingtaine d’années plus tard. Sur les deux rives de l’Atlantique (Wiseman s’est installé en France et y a réalisé plusieurs films, sur la Comédie-Française, l’Opéra de Paris, le Crazy Horse ou le restaurant gastronomique des frères Troisgros à Roanne), Wiseman filme les institutions, ceux qui y travaillent, ceux qui en sont les usagers ou les clients. À rebours de tout manichéisme, sans en faire ni le procès ni la publicité, il en décortique le fonctionnement, en révèle les injonctions contradictoires. Magistral.
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