Un Howard Hawks qui arrive à atteindre l'exploit d'être à moitié très réussi et d'être à moitié complètement ou presque raté. Enfin à moitié...disons que le film est très réussi jusqu'à sa quarantième minute soit jusqu'à l'apparition du personnage de Joel McCrea...
La première partie, enfin les quarante premières minutes, est du pur Howard Hawks donc du garantie grand cinéma. Une femme forte, d'un tempérament très masculin en femme hawksienne qui se respecte, jouée par une Miriam Hopkins totalement à l'aise, une crapule détestable, mais qui parvient en même temps à être touchant car il est sincèrement épris de la protagoniste, interprété excellemment par le grand Edward G. Robinson, des personnages secondaires hauts en couleur incarnés par des seconds rôles hauts en couleur, Brian Donlevy, qui n'a aucun mal à s'imposer en méchant sans scrupule de service, Harry Carey, solide comme un roc comme c'était son habitude, et puis bien sûr Walter Brennan, imbattable dans le registre du vieux fou sympathique. On notera aussi une séquence d'ouverture, l'arrivée à San Francisco par la mer en pleine nuit de brouillard, superbement réalisée.
Malheureusement une fois que le personnage de Joel McCrea apparaît, tout part à l'eau. Son personnage, censé être le héros, est tellement niais qu'on n'a aucunement envie de s'y attacher et qu'on se demande comment la protagoniste peut en tomber amoureuse. De plus, les dialogues pétillants d'efficacité et de naturel deviennent d'un coup, en essayant de plonger l'histoire dans le romantisme, ampoulés. D'un coup aussi, par la lourdeur de ses répliques, Miriam Hopkins devient peu à l'aise. Le personnage d'Edward G. Robinson évolue quant à lui d'une manière peu crédible. Et comme si ça suffisait pas, l'histoire fait du surplace.
En fait dans cette partie, seule l'interprétation des seconds rôles ainsi qu'une scène, celle du lynchage du personnage de Brian Donlevy, dont l'étrangeté la rend marquante, sont à sauver.
En résumé, ce film est à visionner uniquement si on veut voir seulement 40 minutes de pur Howard Hawks.